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Thibaud Le Meneec
Pour une simple cigarette qu'il n'a pas pu donner, Nicolas a été victime d'une agression physique en novembre 2017. Depuis, le jeune homme tente de relativiser malgré les séquelles physiques et psychologiques, comme il l'a raconté à Olivier Delacroix, lundi, sur Europe 1.
VOS EXPÉRIENCES DE VIE

Novembre 2017. Nicolas vient de boire un verre avec des amis dans un bar de Quimperlé, près de Lorient, quand il est agressé par deux hommes pour une cigarette. Victime d'un coup de poing, il passe trois jours à l'hôpital, subit 67 jours d'ITT. Depuis, il se remet difficilement de cet épisode et pour lui, la page n'est pas encore tournée. Il a raconté son expérience au micro Europe 1 d'Olivier Delacroix, lundi.

"C'était un samedi soir, en sortant d'un bar. Je raccompagnais des amis à leur voiture pour qu'ils puissent rentrer chez eux. On était un groupe de quatre. Je me suis fait aborder par deux personnes qui m'ont demandé une cigarette. Étant non-fumeur, je n'ai pas pu satisfaire leur demande. Ils se sont adressés à l'une de mes amies en demandant un briquet, mais d'une façon qui m'a un peu étonné. Je suis resté regarder cette personne, un peu surpris. Ça ne lui a pas plu, il m'a proposé de me mettre un coup de poing. Je suis resté ébahi. Il a poussé ma collègue et m'a mis un bon coup de poing dans le visage.

 

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Sur le coup, je ne sais pas s'ils voulaient réellement en découdre. Après coup, on a su qu'ils étaient déjà venus dans un bar et qu'ils voulaient taper sur les clients. Il y avait quelque chose d'anticipé. Pour moi, à ce moment-là, c'était juste une demande de cigarettes. Je les pensais plus jeunes que moi. Je ne m'y attendais pas du tout, mais vraiment pas du tout. Sur le moment, j'ai pensé que je n'avais rien. Ensuite, j'ai eu trois fractures de la mâchoire. Ça a endommagé le nerf qu'il y a, voilà pourquoi je ne sentais rien sur le coup.

J'ai passé trois jours à l'hôpital, ils m'ont posé trois plaques en titane et douze vis à garder à vie. En sortant de l'hôpital, j'ai été porter plainte contre X parce que je ne savais pas qui était l'auteur des faits. Il fallait que je retrouve cet individu-là. Le soir, en traînant dans la ville en voiture, je suis tombé sur cette personne qui avait le même jogging et la même veste. Ç'a tilté, comme ça. 

"Tout est tombé à l'eau"

Moralement, c'était très compliqué, avec 67 jours d'ITT. Il y a eu six semaines d'immobilisation de la mâchoire sans pouvoir l'ouvrir et trois mois de boulot que j'ai dû annuler en étant chauffeur poids lourds indépendant dans le milieu de la course automobile. J'avais un sacré programme, je partais deux jours plus tard livrer des voitures en Italie qui partaient en course pour Abu Dhabi. Tout est tombé à l'eau. C'était ma première année donc le RSI ne m'a donné aucune indemnité parce que je n'avais pas cotisé une année complète pour eux. Ç'a été très dur.

Pendant le procès, j'étais partie civile. Il n'avait pas d'avocat et a donné sa version des faits, une version encore différente de celle qu'il avait donné à la gendarmerie. Il s'emmêlait les pinceaux. Sa version, c'est qu'il est tombé sur quatre jeunes très fortement alcoolisés qui faisaient énormément de bruit dans la rue. Je serais allé, d'une façon très agressive, à son encontre. Lui, pour se défendre, m'aurait mis un coup de poing. Pour le moment, je n'ai rien eu. Je dois avancer les frais, j'ai ma protection juridique mais il y a une partie des honoraires d'avocat qui n'est pas prise en compte donc c'est assez compliqué.

Éviter le conflit

Je ne sais pas ce qui lui a pris, s'il avait besoin de se détendre ou pas… J'ai relativisé : c'est un coup de poing, je sais qu'il y a bien plus grave que ça. Je continuerai à marcher la tête haute dans ma ville, je ne baisserai pas les yeux. On va aller au bout des choses et voir ce qui va se passer.

Aujourd'hui, j'ai encore rendez-vous avec des experts, des stomatologues, et le tribunal, avec une autre audition. Ça continue, ça continue, c'est interminable… Je vais avoir rendez-vous avec un stomatologue parce que, visiblement, il y aurait une autre opération à subir. Ma mâchoire a un autre positionnement aujourd'hui donc cela crée des douleurs musculaires et un risque de luxation et de blocage en bâillant.

Ça devient déplorable que quelque chose aussi gratuit puisse arriver. Aujourd'hui, je ne suis pas tout le temps sur mes gardes, mais je fais quand même attention quand il y a des petits échauffourées. Je ne veux pas repasser par là où je suis passé. J'éviterai le conflit maintenant, c'est sûr."