Naufrage du Grande America : course contre la montre pour éviter une marée noire au large de La Rochelle

Le préfet a sommé l'armateur du cargo d'agir pour endiguer la menace de pollution.
Le préfet a sommé l'armateur du cargo d'agir pour endiguer la menace de pollution. © LOIC BERNARDIN / MARINE NATIONALE / AFP
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Jean-Gabriel Bourgeois avec AFP
Les autorités ont localisé près du site du naufrage une nappe de fioul de dix kilomètres. La faible puissance des courants marins dans la zone pourrait faciliter les opérations de récupération.

Le cargo Grande America a sombré mardi à 330 km de La Rochelle, après un incendie qui s'est déclaré sur le bateau dimanche dernier pour une raison encore inconnue. Sur les 365 conteneurs du bateau, au moins 45 transportaient des matières toxiques : 100 tonnes d'acide chlorydrique et 70 tonnes d'acide sulfurique qui, toutefois, devraient se dissoudre dans l'eau. L'inquiétude est désormais ailleurs : la préfecture maritime a annoncé mercredi soir qu'une nappe d'hydrocarbure de dix kilomètres avait été détectée.

Un risque de dispersion du fioul. Cette pollution fait craindre un risque de marée noire sur les côtes françaises. Si les soutes du Grande America contenaient quelque 2.200 tonnes de fioul lourd, on reste loin de l'Amoco Cadiz et ses 227.000 tonnes de pétrole brut déversés dans la Manche en 1978. Mais pour Nicolas Tamic, responsable des opérations au Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux (CEDRE), les autorités ont tout intérêt à agir rapidement. "Peu à peu, le fioul va se charger en eau, se désintégrer ce qui complique de plus en plus les opérations de récupérations. Plus tôt on le récupère, parce qu'il est compact, mieux c'est", explique-t-il.

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Des courants favorables. C'est donc une course contre la montre qui est lancé jeudi matin, alors que le navire spécialisé dans la lutte antipollution, le BSAD Argonaute, est attendu sur le site du naufrage. "On est plutôt aidé par le milieu océanique dans cette zone, où les courants ne sont pas importants", nuance toutefois Nicolas Tamic. "Ce sont même des vortex, c'est-à-dire des courants qui tournent sur eux-mêmes à une très fiable vitesse, moins d'un nœud, ce qui fait que l'on a encore le temps de voir venir pour pouvoir mener une lutte efficace en mer", précise encore cet expert en pollution marine.

Une plainte pour pollution et abandon de déchets. De son côté, le préfet a une nouvelle fois mis en demeure l'armateur, Grimaldi Group, de "mettre fin au danger pour la navigation et l'environnement marin représenté par les conteneurs et autres éléments à la dérive" et de "traiter les éventuelles pollutions maritimes". L'association Robin des Bois entend également porter plainte pour pollution et abandon de déchets auprès du tribunal de grande instance de Brest.