Mobilisation en baisse, quelques heurts en régions : ce qu'il faut retenir de l'acte 21 des gilets jaunes

Le cortège a terminé son parcours sur l'esplanade de La Défense.
Le cortège a terminé son parcours sur l'esplanade de La Défense. © ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
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Antoine Terrel avec AFP , modifié à
22.300 personnes en France se sont mobilisées samedi pour l'acte 21 des "gilets jaunes", dont 3.500 à Paris, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. Il s'agit de la plus faible mobilisation depuis le début du mouvement.

Les "gilets jaunes" ne sont pas parvenus à enrayer la baisse de la mobilisation. Après un "acte 20" déjà marqué par une baisse de la participation, les opposants à la politique d'Emmanuel Macron ont même enregistré la plus faible mobilisation depuis le début du mouvement, le 17 novembre. À l'époque, 282.000 personnes avaient battu le pavé dans toute la France. Dix fois plus, donc. 

Une mobilisation en baisse

Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, contestés comme chaque semaine par le mouvement, les manifestations ont rassemblé 22.300 personnes en France, dont 3.500 à Paris. Le ministère avait comptabilisé 33.700 participants la semaine dernière, dont 4.000 à Paris. Il s'agit de la plus faible mobilisation depuis le début du mouvement. Sur Facebook, la page du "Nombre jaune" a elle revendiqué une "première estimation basse" de 73.420 personnes. 

À Paris, deux défilés dans le calme 

Comme lors de l'"acte 20", le préfet de police avait pris un arrêté d'interdiction de manifester sur les Champs-Élysées et sur la place de l'Étoile, ainsi que dans un périmètre comprenant l'Élysée et l'Assemblée nationale, pour éviter les violences du 16 mars. À 18h30, la préfecture de police de Paris recensait tout de même 43 interpellations, 14.919 contrôles préventifs et neuf verbalisations dans le périmètre interdit, dont celle d'Éric Drouet, l'un des visages du mouvement.

Dans la capitale, deux manifestations avaient donc été déclarées en préfecture, sans toutefois connaître le même succès. Le principal cortège, dont les membres venaient dénoncer "l'art de l'optimisation fiscale", est parti de la place de la République vers 13 heures, direction l'esplanade de La Défense. Les participants ont arpenté les rues de Paris dans le calme, sans incidents majeurs. Au niveau de la porte de Champerret, des manifestants ont toutefois tenté de descendre sur le périphérique, et de bref heurts ont éclaté avec les forces de l'ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogène. 

La foule est arrivée à La Défense vers 17 heures, et les "gilets jaunes" sont restés regroupés sous l'arche. Vers 19 heures, les derniers manifestants se sont dispersés, repoussés par les forces de l'ordre vers les transports en commun. 

Un deuxième cortège, plus modeste, est parti de Montparnasse. Organisé notamment par Sophie Tissier, un des visages du mouvement "Nuit debout", il n'a rallié qu'une centaine de personnes, selon les estimations de l'AFP, tandis que Sophie Tissier évoque 400 participants. Ces "gilets jaunes" ont rejoint, sur un parcours déclaré, le bassin de la Villette.

En régions, quelques heurts à Rouen et Lille

Comme chaque semaine, des cortèges de "gilets jaunes" ont arpenté les rues de plusieurs villes de France, notamment à Rouen, où avait lieu un rassemblement national. Près de 900 personnes y ont défilé, alors que la préfecture avait pris un arrêté pour interdire les manifestations dans un périmètre du centre-ville. Si le début de la mobilisation s'est déroulé dans le calme, quelques heurts ont éclaté, avec notamment des feux de poubelles, du mobilier urbain dégradé, ainsi qu'un engin de chantier incendié. Certains manifestants ont tenté de pénétrer dans le périmètre interdit, les forces de l'ordre faisant usage de gaz lacrymogènes pour les en empêcher. Mais quelques heures plus tard, une centaine de personnes ont réussi à pénétrer la zone. Huit personnes ont été interpellées, ainsi qu'une quinzaines verbalisées. Deux manifestants ont été blessés. 

La mobilisation était en baisse dans deux bastions historiques du mouvement, Toulouse et Bordeaux. Dans la "Ville rose", l'AFP a dénombré entre 1.200 et 1.500 manifestants, pour un défilé sans incidents. À Bordeaux, 1.500 "gilets jaunes" étaient présents. Si cinq d'entre eux ont été interpellés, la préfecture explique qu'il n'y a eu "aucune dégradation ni destruction matérielles". 

Des manifestations avaient également lieu à Lyon, où quelques centaines de personnes ont défilé. À Nantes, les "gilets jaunes" étaient près de 400. Ils étaient en revanche près d'un millier à Lille, où les femmes "gilets jaunes" étaient invitées à se retrouver habillées en "Mariannes", un chiffre stable par rapport à l'"acte 20". Là aussi, cinq personnes ont été interpellées après des incidents. Les forces de l'ordre ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogènes à des jets de pavés et de peinture contre des établissements bancaires. 

Une "Assemblée des assemblées" à Saint-Nazaire 

Pendant ce temps, des "gilets jaunes" tentaient de leur côté de s'organiser à Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique, où 500 d'entre eux occupent la Maison du Peuple à Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique depuis vendredi et jusqu'à dimanche. Il y tiennent leur seconde "Assemblée des assemblées". Les participants devaient notamment, lors de groupes de travail et d'assemblées plénières, y discuter de la "communication interne et externe", de l'attitude "face à la répression" et des "revendications". Plusieurs dizaines de délégués ont notamment évoqué l'idée, loin de faire l'unanimité parmi eux, de construire des listes pour les municipales d'ici 2020. Ils y ont également fustigé la "mascarade" des élections européennes, et le "caractère antidémocratique" du parlement, rapporte Mediapart