L'ESSENTIEL - Acte 21 des gilets jaunes : 22.300 manifestants en France selon l'Intérieur, plus faible participation depuis le début du mouvement

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Le cortège parisien a terminé son parcours sur l'esplanade de La Défense. © ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
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avec AFP , modifié à
Les "gilets jaunes" sont de retour dans la rue samedi pour "l'acte 21" de leur mobilisation. Si la journée a été marquée par quelques tensions à Rouen, le cortège parisien s'est regroupé dans le calme à La Défense, en fin d'après-midi.

Avant la restitution du grand débat lundi, les "gilets jaunes" ne changent rien à leurs habitudes. De nouveaux rassemblements ont lieu ce samedi dans toute la France, à l'occasion de "l'acte 21". Deux jours après la censure par le Conseil constitutionnel de l'article phare de la loi anticasseurs, les manifestations étaient interdites sur les Champs-Élysées. Malgré quelques tensions à Rouen notamment, et une mobilisation en légère hausse, la journée s'est déroulée dans le calme.

Les infos à retenir :

  • À Paris, les manifestations se sont globalement déroulées dans le calme, malgré 28 interpellations. Eric Drouet, pour sa part, a été verbalisé samedi matin à proximité des Champs-Élysées 
  • À Rouen, où un appel national a été lancé, quelques face-à-face tendus ont opposé la police aux manifestants
  • Le mouvement a connu sa plus faible participation depuis le début du mouvement, avec 22.300 manifestants en France selon le ministère de l'Intérieur.

Un défilé à Paris contre l'"optimisation fiscale", Éric Drouet verbalisé

Dans la capitale, au moins deux manifestations avaient été déclarées. Une marche pour dénoncer "l'art de l'optimisation fiscale" s'est élancée de la place de la République à 13 heures pour rejoindre l'Esplanade de La Défense peu après 17 heures. vers 19 heures, les derniers manifestants rassemblés sous l'arche de La Défense étaient en train de se disperser, repoussés par les forces de l'ordre vers les transports en commun. 

Alors que plusieurs milliers de personnes composaient le cortège, de brefs incidents avaient éclaté un peu avant 16 heures, lorsque certains manifestants ont pénétré sur le périphérique, au niveau de la Porte de Champerret. Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes. 

Cette première manifestation avait été relayée par Eric Drouet, l'une des figures du mouvement des "gilets jaunes". Ce chauffeur routier de Seine-et-Marne a été verbalisé - sans être arrêté - samedi matin à proximité des Champs-Élysées pour "participation à une manifestation interdite", selon une source policière qui n'a pas donné plus de détails. Six autres personnes ont été verbalisées pour les mêmes raisons. 

Une autre manifestation, baptisée "Acte 21, les Gilets Jaunes vaincront pour la Démocratie de demain", appelait à se rassembler à Montparnasse, place du 18 juin 1940. Les manifestants ont pris la direction du bassin de la Villette, qu'ils ont rejoint dans le calme. Selon l'AFP, une centaine de personnes étaient présentes, tandis qu'une des organisatrices Sophie Tissier évoque elle 400 participants.

Quelques tensions à Rouen

À Rouen, où un appel à un rassemblement national avait été lancé, les "gilets jaunes" se sont élancés aux alentours de 10h30. 900 personnes étaient rassemblées au plus fort de la manifestation, selon une source policière, alors que la préfecture avait interdit les manifestations dans le centre-ville par mesure de précaution. Après un début de rassemblement calme, de premiers feux de poubelles ont été allumés, du mobilier urbain dégradé et un engin de chantier Manitou a été enflammé par quelques personnes cagoulées et vêtues de noir. Les pompiers sont intervenus, sous protection policière, pour éteindre l'incendie de l'engin de chantier.

Les forces de l'ordre ont tiré des grenades lacrymogènes pour empêcher les manifestants d'entrer dans le périmètre du centre-ville interdit à la manifestation

Des "Mariannes" à Lille, une assemblée de "gilets jaunes" à Saint-Nazaire

Comme chaque semaine, de nombreux cortèges étaient prévues à travers toute la France. À Lille, les femmes "gilets jaunes" étaient invitées à se retrouver habillées en "Mariannes". Un millier de personnes selon la police, 2.000 selon les organisateurs, sont partis de la place de la République à 14 heures et traversé les quartiers sud de la ville. Des incidents ont éclaté entre forces de l'ordre et des manifestants qui ont lancé à plusieurs reprises des pavés et de la peinture jaune contre des devantures de banques. Les policiers ont répliqué avec des tirs de gaz lacrymogène. Cinq personnes ont été interpellées, selon la préfecture du Nord.

À Lyon, quelques centaines de "gilets jaunes" ont défilé dans un parcours contenu par les forces de l'ordre, qui ont tiré "quelques gaz lacrymogènes" pour maintenir la tête de cortège à distance, selon la préfecture. À Dijon, "des billes d'acier" ont été tirées sur les forces de l'ordre et des "projectiles" sur le tram, a dit la préfecture.

1.300 militants, selon la préfecture, battaient le pavé dans les rues de Montpellier sous une forte pluie, tandis qu'ils étaient quelques centaines à Nice ou Forbach. 300 personnes ont aussi déambulé à Saint-Étienne, rapporte France Bleu. La pluie était également de la partie, à Toulouse, bastion historique du mouvement, où le cortège était moins fourni que les semaines précédentes, avec quelques centaines de manifestants. "On est là, on est là, même si Macron le veut pas, on est là !", ont scandé les manifestants.

La mobilisation était aussi en baisse à Bordeaux. Sous une pluie intermittente, quelque 1.500 personnes, selon une source proche du dossier, ont d'abord erré le long de la Garonne, le cortège se scindant même un moment en deux faute de trajet défini. Les forces de l'ordre avaient adopté une stratégie très mobile, encadrant les manifestants le long du cortège ou bloquant des rues au fur et à mesure.

En Corrèze, quelque 250 à 300 personnes ont manifesté dans le calme sur le barrage hydro-électrique de Bort-les-Orgues, afin de dénoncer ce qu'ils estiment être une possible privatisation des barrages français et "la vente de la France à la découpe".

Enfin, de vendredi à dimanche, 500 "gilets jaunes" venus de toute la France, selon les organisateurs, occupent la Maison du Peuple à Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique. C'est là que se tient leur seconde "Assemblée des assemblées". Au programme : groupes de travail et assemblées plénières pour discuter notamment de la "communication interne et externe", de l'attitude "face à la répression" et des "revendications". Plusieurs dizaines de délégués ont notamment évoqué l'idée, loin de faire l'unanimité parmi eux,  de construire des listes pour les municipales d'ici 2020. Fin janvier, la première assemblée des Assemblées, organisée à Commercy, dans la Meuse, avait réuni environ 300 personnes représentant 75 groupes locaux.

Mobilisation en légère hausse

À 14 heures, la mobilisation était en légère hausse par rapport à l'"acte 20". Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, 6.300 manifestants ont été recensés à ce moment-là en France, dont 3.100 à Paris. Samedi 30 mars, ils étaient 5.600 sur l'ensemble du territoire et 3.100 à Paris. À 16h30, la préfecture recensait encore 28 interpellations et 10.278 contrôles préventifs, en plus des sept verbalisations ayant eu lieu dans le périmètre interdit.