Migrants : bond des refus d'entrée, la Cimade dénonce un détournement de la lutte anti-terroriste

L'essentiel des "non-admissions" concerne les Alpes Maritimes.
L'essentiel des "non-admissions" concerne les Alpes Maritimes. © Piero CRUCIATTI / AFP
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avec AFP , modifié à
Selon un rapport de l'association, le nombre de "non-admissions" s'est élevé l'an dernier à 85.408, soit 34% de plus qu'en 2016. Les plus concernés sont les Soudanais (11.000).

Le nombre de migrants refusés aux frontières françaises a bondi depuis 2015, notamment dans les Alpes, affirme la Cimade qui s'est procuré des chiffres officiels et dénonce dans un rapport "un détournement de la lutte antiterroriste pour contrôler la migration" au sein d'"une Europe qui s'enferme".

Les "non-admissions" en hausse de 34%. Le nombre de "non-admissions" s'est élevé l'an dernier à 85.408, soit 34% de plus qu'en 2016 (63.845 refus d'entrées), assure l'association sur la base de chiffres de la police aux frontières. En 2015, année du rétablissement des contrôles aux frontières, 15.849 non-admissions avaient été prononcées. L'essentiel de ces décisions concerne la frontière franco-italienne, avec 44.433 non-admissions l'an dernier dans les Alpes maritimes (+42% en un an) où les migrants tentent de gagner la France en passant par Vintimille. Dans les Hautes-Alpes, qui ont vu une route se développer via Briançon, les non-admissions ont bondi de 700% à 1.899 au total l'an dernier.

La France a réintroduit les contrôles à ses frontières intérieures. Un phénomène comparable est perceptible en Savoie (6.036) et en Haute-Savoie (2.074), mais aussi à la frontière franco-espagnole : dans les Pyrénées orientales, les refus d'entrée sont passés de 26 en 2015 à 4.411 l'an dernier. La France a réintroduit les contrôles à ses frontières intérieures après les attentats djihadistes du 13 novembre 2015, et les a depuis reconduits par période de six mois, rappelle la Cimade dans ce rapport intitulé "Dedans, dehors : une Europe qui s'enferme".

"Un détournement de la lutte antiterroriste" pour la Cimade. Mais pour la Cimade, il y a là un "détournement de la lutte antiterroriste" puisque "le rétablissement des contrôles aux frontières a principalement permis une augmentation de pratiques existantes liées aux contrôles migratoires bien plus que l'identification ou l'interdiction d'entrée de personnes suspectées de terrorisme", ajoute l'association.

Une "politique du pire". Les plus concernés par les non-admissions l'an dernier ont été les Soudanais (11.000) suivis des Guinéens (5.900), des Marocains (5.372) et des Ivoiriens (5.205). La Cimade s'inquiète aussi de voir que parmi les personnes à qui la France a refusé l'accès se trouvaient l'an dernier 17.036 mineurs - dont 13.500 dans les Alpes maritimes. Le rapport, publié à la veille d'un sommet difficile sur les questions migratoires qui divisent l'UE, s'inquiète de la "politique du pire" et de la "compétition entre États" ou chacun veut "dissuader les personnes migrantes d'entrer sur son territoire national".