Michel Vaujour, le roi de l'évasion : "je ne suis plus le même homme qu’à l’époque"

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Guillaume Perrodeau , modifié à

Chez Christophe Hondelatte, l'ancien détenu, qui a passé 27 ans derrière les barreaux et qui s'est évadé cinq fois, revient sur son parcours.

Michel Vaujour est l'un des gangsters les plus célèbres de France. À 67 ans, il a passé 27 années en prison, dont 17 en Quartier de Haute Sécurité (QHS). Dans les années 1970 et 1980, il s'est évadé cinq fois. L'ancien braqueur était chez Christophe Hondelatte jeudi, pour évoquer la seconde partie de sa vie et ses deux dernières évasions. La première partie était diffusée mercredi, sur Europe 1, et elle est à réécouter ici.

 

>> De 14h à 15h, c’est Hondelatte raconte sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission de Christophe Hondelatte ici

Dehors après s'être évadé pour la troisième fois, Michel Vaujour décide de retrouver un ami à lui, François, qu'il n'a pas vu depuis 5 ans. "J’avais travaillé avec lui à l'usine. C’était un petit mec normal avec qui j’étais bien, j’avais confiance en lui", souligne l'ancien détenu sur Europe 1. Mais comme pour ces précédentes évasions, le problème reste le même : il a besoin d'argent. Michel Vaujour se met donc en tête de monter un braquage, seul. C'est ce qu'il va réussir à faire, à Lille. Les semaines qui vont suivre ressemblent à celles des bandits de grands chemins : Michel Vaujour profite. Boîtes de nuit, femmes, fiesta, hôtels de luxe, il se fait plaisir. Il cherche aussi à se procurer de faux papiers, contre une grosse somme d'argent. Mais au moment de les récupérer, il tombe en fait sur des policiers. Et Michel Vaujour retourne derrière les barreaux. Encore.

"Les QHS m'ont radicalisé". Michel Vaujour garde une idée fixe en tête : s'évader. Mais malheureusement pour lui, l'administration pénitentiaire l'attend au tournant. Elle l'a placé dans le Quartier de Haute Sécurité de la prison de Chaumont. Il se rend rapidement compte qu'il n'arrivera pas à s'échapper de cet endroit. "Les QHS m'ont radicalisé à un point que vous n'imaginez même pas", indique Michel Vaujour. Mais s'il ne peut pas s'évader de la prison, il peut trouver un autre moyen. Lors d'un rendez-vous avec une juge, au palais de justice, il utilise un faux pistolet, qu'il a confectionné avec du savon et du cirage noir et qu'il a dissimulé dans un double fond de son caleçon, pour prendre en otage la magistrate et s'échapper. Sa quatrième évasion. Michel Vaujour est de nouveau libre.

La dernière. Cette nouvelle cavale va durer longtemps. 961 jours au total. Dehors, il retrouve Gilles, lui aussi en cavale, le complice de sa troisième évasion. C'est comme ça qu'il rencontre la sœur de ce dernier, Nadine, qui va devenir sa maîtresse, puis sa femme. "Nadine et Gilles, c’était vraiment ma famille, c’est ce qui m’avait manqué toute ma vie", explique-t-il. Mais après deux ans et demi de liberté, il se fait rattraper par la police, un matin sur le trottoir, sans qu'il ne puisse moufter.

Un temps enfermé au QHS de Fleury-Mérogis, il retrouve finalement les autres détenus, après la fermeture des QHS par le pouvoir socialiste en 1981. Sa femme Nadine, elle, est dehors, et compte bien faire sortir Michel Vaujour de derrière les barreaux. C'est avec elle qu'il va préparer sa plus folle évasion, la plus spectaculaire aussi. Comment ? En hélicoptère.

Le 26 mai 1986, après des mois de préparation, Nadine Vaujour, qui a passé son permis hélicoptère sous un faux nom, prend son envol, direction la prison de la Santé, à Paris. Elle arrive en hélico au-dessus du centre pénitencier et lance un sac à Michel Vaujour alors en promenade. Il récupère à l'intérieur un pistolet et de quoi grimper jusqu'au patin de l'appareil. Quelques tours de pales plus tard, le voilà libre à nouveau. Sa cinquième évasion qui va évidemment défrayer la chronique.

 

"Je ne regrette rien". Cette nouvelle cavale ne durera que quatre mois. Car de nouveau, Michel Vaujour se lance dans un braquage. Mais cette fois-ci, il est blessé à la tête lors d'une fusillade et arrêté. Il croit bien y passer. "Sans cette balle dans la tête, il est probable que je n’aurais pas pu me remettre en question", analyse aujourd'hui Michel Vaujour, "on n'a qu'une seule vie."

Quelques années plus tard, en 1991, en prison, il va faire une rencontre qui va bouleverser sa vie : Jamila. Alors qu'il s'imagine qu'elle va être une nouvelle complice d'évasion, elle se révélera être sa complice de rédemption. "Zabeth, c’est un amour adolescent et Nadine venait de mon monde. Jamila, elle, venait d’un monde totalement différent, elle n’avait pas les mêmes valeurs que moi, elle est honnête", confie Michel Vaujour. Cette fois-ci, pas d'évasion. Et la liberté, officielle, douze ans plus tard. "Aujourd’hui, je ne suis plus le même homme qu’à l’époque", ajoute t-il. Interrogé par Christophe Hondelatte pour savoir s'il referait tout ce parcours à l'identique, il indique : "Donner une appréciation a posteriori ? Elle serait un peu fausse. (...) Mais franchement, je ne regrette rien. Après 27 ans de placard, je ne vais pas, en plus, porter la prison dans ma tête."