La Conférence des évêques de France a annoncé mardi que des cellules d'écoute ainsi qu'une "commission nationale indépendante" composée d'experts sera mise en place. 0:51
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Pierre Herbulot et , modifié à
Bertrand Virieux, co-fondateur de l'association de victimes de pédophilie La Parole libérée, estime sur Europe 1 que les mesures annoncées mardi par l'Eglise ne sont pas assez fortes.
INTERVIEW

Cellules d'écoute partout en France, commission d'expertise "indépendante" : l'Église catholique a annoncé mardi une série de mesures visant à faire "la lumière" sur la pédophilie dans ses rangs, y compris sur les faits les plus anciens, après les révélations en cascade qui l'ont ébranlée.

Ces annonces étaient très attendues, notamment par l’association de victimes La Parole libérée, à l’origine de plusieurs enquêtes, et qui reproche au cardinal Barbarin de ne pas avoir informé la justice des anciens agissements du Père Preynat, laissé en poste jusqu'en 2015.

"Des mesures cosmétiques". Mais ces mesures peinent à convaincre les victimes. "On a vraiment l’impression que ce sont des mesures cosmétiques", regrette le co-fondateur de l’association Bertrand Virieux. "Une cellule d’écoute, typiquement, c’est ce que nous avions déjà au sein de notre diocèse à Lyon, sous l’autorité du cardinal Barbarin. Cette cellule d’écoute a quand même fait rencontrer une des victimes et son agresseur, le père Preynat, donc ils manquaient manifestement de compétence et d’efficacité", juge-t-il au micro d’Europe 1.

"De bonnes intentions, mais..." Outre la généralisation des cellules d’écoute, le président de la Conférence des évêques de France, Mgr Georges Pontier, a annoncé mardi la mise en place d’une  "commission nationale indépendante" composée d'experts (médecins, psychologues...) et présidée par un laïc. "Là aussi, pourquoi pas, ce sont de bonnes intentions, mais nous, ce qu’on souhaite, c’est vraiment une prise de conscience massive et des actes forts", explique Bertrand Virieux.

"Est-ce qu’on n'est pas dans un complet décalage avec la réalité ?". "On aurait clairement souhaité, par exemple, qu’il y ait une décision sur les prêtres au passé de pédophile ou au passé de délinquant sexuel, afin qu’ils ne soient plus jamais en contact avec des paroissiens. J’entends par exemple que le président de la Conférence des évêques de France dit qu’il serait souhaitable que les prêtres pédophiles se déclarent. On est à côté de la plaque. Si l’on connait la problématique de ce genre de prédateurs, on sait bien qu’ils ne vont jamais se déclarer. Est-ce qu’on n'est pas dans un complet décalage avec la réalité ?", s’interroge-t-il.