Matthieu, 39 ans, en union libre pendant neuf ans : "la liberté au sein du couple, ce n'est pas épanouissant"

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Grégoire Duhourcau , modifié à
Matthieu a vécu en couple libre pendant neuf ans. "Clairement, la liberté au sein du couple, je n'y crois pas", confie-t-il aujourd'hui à Olivier Delacroix sur Europe 1.
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Matthieu, 39 ans, est resté en couple avec son compagnon pendant neuf ans. Ce dernier lui avait dit dès le début de la relation qu'il n'était pas fidèle en couple. Il raconte à Olivier Delacroix sur Europe 1, comment il a vécu cette relation libre.

"C'était un peu surprenant pour une première rencontre. Après, je me suis dit que ça pouvait changer. Je pensais que c'était une question de partenaire. Je sortais aussi d'une relation libre, avec une certaine liberté au niveau des rencontres sexuelles. Ça ne m'a pas plus choqué que ça, en espérant que ça puisse être une relation avec une notion de fidélité. Je me suis dit que je laisserais le temps faire.

"Je n'étais pas forcément dans l'optique d'avoir une relation libre"

Dans un couple précédent, [j'avais admis cette liberté au sein du couple]. Après, en redémarrant une relation, je n'étais pas forcément dans l'optique d'avoir une relation libre dès le départ. Je pense que ça peut arriver dans l'évolution du couple, même si j'ai un peu changé d'avis sur le sujet. Après, je n'étais pas forcément complètement opposé à cette notion à l'époque même si, en démarrant une relation amoureuse, je pense que si on en est déjà à penser à être complètement libre, ce n'est pas forcément comme ça que ça va marcher. Mais je me suis dit 'pourquoi pas, on tente' et ça a tenu neuf ans quand même.

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[Ce choix d'une relation libre ne s'est] pas vraiment [fait d'un commun accord]. Moi, je me suis dit qu'on laisserait le temps faire et lui, ne reconnaissait pas forcément quand je me suis rendu compte qu'il allait sur des applications [de rencontre]. Il a mis beaucoup de temps à reconnaître qu'il y allait et qu'éventuellement, il s'amusait aussi de son côté. Au bout d'un moment il a fini par admettre et je lui ai dit : 'Ecoute, pourquoi pas.'

Du coup, on a mis quelques règles en place sur le fonctionnement. On se donne une certaine liberté mais il y a deux règles qui, pour moi, étaient essentielles : seulement du sexe et pas de relation amoureuse en parallèle, pas de relation d'amant, pas de sentiments et pas à la maison.

"Ça restait un jardin secret"

[On n'en parlait pas]. Clairement, il y avait une vraie pudeur. Plus de son côté que du mien parce que moi, je suis un peu moins pudique. Lui n'assumait pas vraiment même si c'est un vrai besoin chez lui et je pense que ça l'est encore aujourd'hui, contrairement à moi qui vivait ça comme un amusement plus qu'autre chose. Mais on ne rentrait pas le soir en disant : 'Avant de rentrer, je suis allé m'amuser.' Ça restait un jardin secret, même s'il nous arrivait parfois de croiser des gens dans la rue avec qui, éventuellement, je m'étais amusé. Je disais : 'Je le connais.' Mais c'était plutôt un non-dit. On ne s'est jamais dit 'on se raconte notre soir'.

[Son compagnon s'est ensuite éloigné] Ce qu'il s'est passé, c'est qu'il y a eu des changements dans ma vie personnelle et professionnelle. C'était une période un peu compliquée. On s'est un petit peu éloigné et j'ai discuté avec lui. Je sentais qu'il y avait un éloignement. Il m'a dit que ça allait et au bout d'un moment, je me suis rendu compte qu'il entretenait une relation que je qualifierais d'épistolaire, parce que la personne ne vivait pas sur Lyon, avec une personne avec qui il y avait plus que de simples échanges de mots. Il était potentiellement en train de construire autre chose en parallèle.

"La liberté au sein du couple, je n'y crois pas"

Sur cette relation-là, [je ne regrette pas la liberté qu'il y avait au sein du couple]. Ça faisait partie du deal. Après, ce non-respect des règles et des bases qu'on avait établies me pose un souci. Il m'en pose encore un aujourd'hui. Et le fait que les choses n'aient pas été faites dans l'ordre. Quand ça ne va pas avec quelqu'un, on se sépare et après on va construire quelque chose. On ne construit pas en parallèle, c'est un petit peu une solution de facilité.

Clairement, aujourd'hui en revanche, la liberté au sein du couple, je n'y crois pas. J'ai fait deux tentatives avec des relations assez longues. Ça n'a pas marché donc pour moi, clairement, ce n'est pas la solution. Ce n'est pas épanouissant, ça n'apporte pas grand chose. Aujourd'hui, je ne suis pas en couple mais si ça doit revenir, je suis plus sur une notion de couple fidèle. Après, quand on avait cette liberté et que j'étais avec mon compagnon à l'époque, dans la façon dont je m'exprime, ça donne l'impression que c'est plus lui qui s'amusait que moi. On n'a pas tenu de comptes mais je pense qu'on était à peu près au même niveau."

L'avis de Katouchka Collomb, psychologue et thérapeute du couple :

"[Une relation libre] demande une puissance de caractère, une capacité de dialogue, de complicité. Plus le couple sera dans cette maturité, plus les choses pourront se vivre le mieux possible. Mais très souvent, ce n'est pas le cas. C'est-à-dire que c'est une forme de contrat qui est plutôt implicite. Pour donner du piment à une relation dans laquelle il y a peut-être de l'ennui, notamment dans la sexualité, on va essayer de vivre des choses ailleurs. Du coup, le contrat n'est pas clairement défini et ça va entretenir des souffrances."