Marseille, GERARD JULIEN / AFP 1280 1:30
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Nathalie Chevance, édité par Grégoire Duhourcau, avec AFP , modifié à
La locataire d'un garage à vélo transformé en studio par son propriétaire, adjoint au patrimoine de la ville de Marseille, a demandé réparation jeudi auprès du tribunal d'instance pour l'insalubrité de son logement "couvert de moisissures".

Traité de magouilleur par son accusatrice, André Malrait, élu de 87 ans, adjoint au patrimoine de la ville de Marseille et architecte, a préféré ne pas faire le déplacement devant le tribunal, jeudi. Son accusatrice, Jennifer, téléopératrice de 23 ans, lui a loué pendant plusieurs mois, pour un loyer mensuel de 500 euros, un ancien local à vélo transformé en studio meublé. Et au fil du temps, le moisissure s'est installée avec une odeur nauséabonde.

"C'est forcément devenu insalubre parce que c'était un local à vélo. Ce ne sont pas les mêmes normes que dans les habitations, donc il n'y avait pas de système d'aération. Quand la moisissure a commencé à arriver, ils ont dit que c'était de ma faute parce que je n'ouvrais pas les fenêtres", explique-t-elle sur Europe 1.

"Il est censé savoir qu'il n'a pas à faire ce genre de choses"

Résultat : de "gros champignons, comme on voit sur les arbres", sont apparus et "c'était un peu nauséabond". "C'est clairement moi qui me suis fait avoir. Et puis c'est un élu. Il devrait être exemplaire, il est censé savoir qu'il n'a pas à faire ce genre de choses", dénonce la jeune femme. 

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La défense rétorque qu'il s'agit d'un simple problème de ventilation. Pourtant, les huissiers, sollicités par la locataire à son départ le 1er mars 2019, ont constaté l'état d'insalubrité du studio. Ils écriront dans leur procès-verbal que "dès leur entrée dans les lieux", ils sont "frappés par l'odeur de moisissure qui y règne et l'humidité présente" : "Nous pouvons constater, depuis la porte, que la plupart des murs sont couverts de moisissures, les revêtements sont cloqués et l'odeur nauséabonde".

"Les propriétaires ont appelé l'employeur de ma cliente pour lui réclamer les loyers" impayés

Au bout de quelques mois, la jeune femme avait refusé de payer son loyer et avait, dans un premier temps, été assignée elle-même par son propriétaire. Mais ce dernier s'est finalement désisté après la révélation de l'affaire, survenue dans un contexte local marqué par les polémiques qui ont suivi l'effondrement de deux immeubles rue d'Aubagne. "Les propriétaires ont appelé l'employeur de ma cliente pour lui réclamer les loyers et également envoyé une lettre à en-tête de la mairie", le montant des loyers non perçus "s'élevant à un millier d'euros", selon l'avocate de la locataire, Me Julie Savi.

"Traînée dans la boue", selon son avocate, la jeune locataire s'est retournée contre le couple Malrait et lui a demandé 4.000 euros de dommages et intérêts, arguant que ses affaires avaient été entièrement détruites par l'humidité. L'avocate a également demandé que le dossier soit transmis pour un jugement sur le fond au regard, selon elle, des "nombreuses irrégularités" du bail.

"Il n'y a pas de magouilles, tout est parfaitement régulier"

Accolé à la vaste propriété de l'élu dans le 8e arrondissement, le "tout petit local" ressemblant à un couloir large d'environ 2 mètres à 2,50 m, selon les constats des huissiers, avait été transformé en habitation par un changement de destination signé par le maire Jean-Claude Gaudin, a relevé à l'audience Me Savi. 

L'avocate de l'élu, Me Pascale Barton-Smith, "dénonce un très mauvais procès qui a pour unique but de se faire dédommager de manière disproportionnée" : "Mon client n'a rien à se reprocher si ce n'est qu'il est désolé que ce logement ait connu un problème d'humidité et d'infiltration. Il n'y a pas de magouilles, tout est parfaitement régulier." La décision a été mise en délibéré au 6 juin.