Marc Dutroux veut "amorcer le débat" avec les familles de ses victimes en vue d'une demande de libération

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Europe1.fr avec AFP , modifié à
"Désormais 22 ans se sont écoulés, pas mal d'eau a coulé sous les ponts", argumente l'avocat du criminel belge, condamné pour avoir été le tortionnaire de six fillettes, dont quatre sont mortes. 

L'avocat du criminel belge Marc Dutroux, condamné en 2004 à la prison à perpétuité pour avoir été le tortionnaire de six fillettes, a indiqué mercredi avoir écrit aux parents des victimes pour "amorcer un débat" en vue d'une demande de libération conditionnelle. "C'est une démarche d'ouverture, une offre de service pour discuter", a expliqué à l'AFP cet avocat, Me Bruno Dayez.

"Un des volets de la libération conditionnelle". "On amorce un débat dans le cadre d'un des volets de la libération conditionnelle, celui qui consistera (pour le tribunal de l'application des peines, ndlr) à examiner l'attitude (du condamné) à l'égard des victimes", a ajouté le pénaliste. Aucune date n'a encore été décidée pour le dépôt de cette demande. Mais selon Me Dayez, il s'agit d'interroger d'ores et déjà les familles "pour savoir, en raccourci, êtes-vous en demande de quoi que ce soit, et si c'est le cas, exprimez le".

Selon l'avocat, ce courrier, qu'il vient de rédiger en accord avec Marc Dutroux, devrait être envoyé d'ici quelques jours aux parents de quatre jeunes filles violées et assassinées en 1995-96 (Julie, Melissa, An et Eefje), ainsi qu'à Sabine Dardenne et Laetitia Delhez. Ces deux adolescentes avaient été retrouvées vivantes après avoir été également enlevées, séquestrées et violées. Les faits s'étaient produits en Wallonie, dans le sud francophone de la Belgique, notamment dans une cache aménagée dans la cave d'une des maisons de Marc Dutroux, à Marcinelle, près de Charleroi. Lors de son procès en 2004 devant la cour d'assises d'Arlon, ce dernier n'avait exprimé aucun regret ni excuse.

"Pas mal d'eau a coulé sous les ponts". Mais d'après Me Dayez, à l'époque, "le fruit n'était pas mûr". "Désormais, 22 ans se sont écoulés, pas mal d'eau a coulé sous les ponts", a-t-il ajouté en allusion aux années passées en prison par son client, arrêté en août 1996 et aujourd'hui âgé de 61 ans. En février, Bruno Dayez avait publié un livre intitulé Pourquoi libérer Marc Dutroux, dans lequel il défend la thèse qu'aucun condamné ne devrait être emprisonné plus de 25 ans. Il s'est fixé l'objectif d'obtenir pour son client une libération conditionnelle d'ici à 2021, alors que sa condamnation à perpétuité avait été assortie une clause empêchant toute libération anticipée.

L'affaire Dutroux a traumatisé la Belgique. En octobre 1996, une marche blanche en hommage aux victimes avait rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes dans les rues de Bruxelles, Flamands et Wallons côte à côte.