Maison fissurée : le calvaire des familles qui ne peuvent pas être relogées

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Cette maison en argile tient grâce à d'énormes étais à l'extérieur. © Lionel Gougelot
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Lionel Gougelot
Depuis plusieurs années, les sécheresses à répétition provoquent un phénomène dit "RG" pour "rétraction-gonflement" des sous-sols en argile. Conséquence, plus de 10 millions de maisons sont potentiellement touchées ou menacées par des murs fissurés. Près de la frontière belge, une famille vit dans un logement tellement endommagé qu'elle risque de s'effondrer.
REPORTAGE

C'est une des conséquences du dérèglement climatique et des sécheresses à répétition. En France, les périodes de forte chaleur provoquent un phénomène de "rétractation-gonflement" des sous-sols, qui endommagent les maisons. Fissures, affaiblissement des murs porteurs, risques d'effondrement. Le gouvernement semble décider à mettre en œuvre des séries de mesures pour mieux indemniser les victimes en prévoyant un nouveau système d'assurance, mais aussi simplifier les procédures. Dans le nord de la France, le constat est terrible pour certaines familles.

10 millions de maisons concernées

À Halluin, près de Lille, une maison fissurée ne tient plus que grâce à d'énormes étais, à l'intérieur comme à l'extérieur. "Pour l'instant, on continue à habiter là parce que le relogement n'est pas pris en charge par les assurances", témoigne Stéphanie, la propriétaire. Son logement, qui est collé à ceux de trois autres voisins, pourrait ne pas être sauvé. "Le problème, c'est que nous avons quatre sociétés d'assurances et quatre experts différents. Du coup, ils doivent se coordonner tous les quatre pour décider si l'on répare ou si on détruit les maisons."

Si la famille de Stéphanie n'a pas d'autres choix que d'habiter dans cette maison fissurée, dans certains cas, face à l'ampleur des dégâts, les propriétaires doivent se résoudre à quitter leur logement. "On préfère partir que de se forcer à se dire qu'on va réparer alors que cela peut rebouger dans quelques années. On sera indemnisé et on ira ailleurs", se résigne-t-elle.

Cette situation, qui concerne potentiellement 10 millions de maisons, a fait l'objet d'un rapport de Vincent Ledoux, député Renaissance de la 10e circonscription du Nord. Le texte préconise un nouveau régime d'assurance, mais surtout, une meilleure prévention des risques. "Ce serait bien que l'on prévienne les futurs acheteurs dans toutes les villes, qu'une carte géographique soit faite", estime Stéphanie, la propriétaire concernée. "Il faudrait faire d'office une analyse pour faire tout de suite des pieux et des micropieux pour ne plus que les maisons ne bougent", conclut-elle.

Ce nouveau régime de gestion des catastrophes naturelles pour les maisons fissurées pourrait être instauré dès 2024.