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Mathilde Durand , modifié à
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a présenté vendredi le nouveau schéma national de maintien de l'Ordre. Usage du LBD, nouvelle grenade de désencerclement... Bertrand Cavallier, général de gendarmerie se réjouit sur Europe 1 que les "enseignements des deux années précédentes" aient été tirés. 
INTERVIEW

Après plusieurs mois de débats et d'attente, Gérald Darmanin a présenté vendredi les grandes lignes du nouveau schéma national de maintien de l'Ordre (SNMO). Tirs de LBD, nouvelles grenades de désencerclement, précision sur la technique de la nasse : le ministre de l'Intérieur donne un nouveau cap pour les policiers et gendarmes, dans la gestion des manifestations. Sur Europe 1, Bertrand Cavallier, général de gendarmerie spécialiste du maintien de l'ordre, analyse ce nouveau schéma. "Je pense qu'il était nécessaire de tirer les enseignements des deux années précédentes", souligne-t-il.

"Professionnaliser certains usages"

Deux années, marquées selon lui, par la crise des "gilets jaunes" et "par dysfonctionnement qui ont compliqué la tâche du gouvernement puisqu'à une crise sociale s'est ajoutée une crise politique", poursuit le général de gendarmerie. Il pointe notamment les critiques sur l'usage excessif du LBD durant les manifestations, dénoncé par ailleurs par l'ex-Défenseur des droits, Jacques Toubon. "Il ne s'agit pas d'une nouvelle doctrine, mais de réguler certains comportements, de professionnaliser certains usages", explique-t-il. 

L'encadrement des tirs de lanceur de balles de défense est évoqué dans ce nouveau schéma. Désormais chaque tir sera soumis à l'accord d'un "superviseur". "La gendarmerie mobile, les CRS, appliquent déjà ce principe du superviseur", indique Bertrand Cavallier. Selon lui, l'usage excessif du LBD est plutôt dû à des unités non-professionnelles, comme des membres de la brigade anti-criminalité (BAC). 

Une nouvelle grenade à main

L'équipement des forces de l'ordre chargé d'encadrer les manifestations se modifie également. Une nouvelle grenade à main de désencerclement censée être moins dangereuse, vient remplacer le modèle actuel, dont le "bouchon allumeur" pouvait blesser décrypte Bertrand Cavallier. Utilisée en France depuis 2004, la GMD produit un énorme bruit (plus de 155 db, l'équivalent d'un avion au décollage) et projette par ailleurs 18 petits projectiles de caoutchouc à grande vitesse (126 km/h sur un rayon de 30 m selon l'ONG Acat). 

Ce nouveau dispositif a été testé samedi lors de la mobilisation des "gilets jaunes". Si le nombre de manifestants était faible (6.000 à s'être rassemblés samedi dans toute la France, dont 2.500 à Paris), quelques heurts ont éclaté et les forces de l'ordre ont procédé à 287 interpellations. 

"Revenir aux grands principes du maintien de l'ordre"

Au cours des précédentes mobilisations en France, les forces de l'ordre ont également été critiquées sur le recours à la technique de la nasse, soit l'encerclement pour contenir des manifestants. "Il est vrai qu'on avait pu constater des situations curieuses où une foule entière était contenue sur un espace, ce qui c'était traduit par une exaspération et des heurts", analyse Bertrand Cavallier. "Il faut revenir aux grands principes du maintien de l'ordre : éviter de bloquer trop longtemps des manifestants et toujours laisser une échappatoire."

Dans ce ce nouveau schéma du maintien de l'ordre, Gérald Darmanin indique que l'utilisation de cette technique doit être "strictement encadrée" et "circonscrite dans le temps".