Lycée : pourquoi le retour des maths est un casse-tête pour les chefs d'établissement

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Delphine Schiltz et Louise Sallé, édité par Gauthier Delomez, avec AFP

Les mathématiques font leur grand retour au lycée, en classes de première dès la rentrée prochaine. Un retour attendu par certains élèves, redouté par d'autres, et qui pose des problèmes d'organisation pour les chefs d'établissement. Il faut trouver comment caser une heure et demie d'enseignement dans un agenda chargé.

Marche arrière toute sur les maths au lycée . La matière redevient obligatoire en classe de première en filière générale dès la rentrée prochaine . Cela signifie qu'actuellement, les élèves de seconde sont les premiers concernés par cette décision prise ce week-end par le ministère de l'Éducation nationale. "Je suis assez content parce que j'aime bien les maths, mais je pense que ça ne va pas plaire aux autres", réagit l'un d'entre eux au micro d'Europe 1.

"Ça permet de diversifier les matières"

"Il y a des personnes qui ont des difficultés, ça va être compliqué pour eux", poursuit-il. "Moi, il va falloir que je travaille beaucoup plus", concède justement un autre élève. "Je ne suis pas mauvais mais je ne travaille pas du tout, donc je ne peux pas y arriver sans travailler."

Une de ses camarades reconnait que "personnellement, je comptais faire quelque chose plutôt dans le littéraire, donc je n'ai pas été forcément super heureuse quand j'ai appris la nouvelle". Celle-ci tempère : "Après, je trouve ça bien d'avoir un minimum de maths dans le tronc commun, surtout que je ne suis pas encore sûre de ce que je veux faire. Ça permet de diversifier un peu les matières", reconnait-elle.

Une heure et demie à caser dans un agenda chargé

Si certains d'entre eux sont un peu saoulés, les autres ne sont pas si réticents au retour des mathématiques. Un retour qui va prendre des allures de casse-tête pour les chefs d'établissement puisque cette heure et demie se greffe aux deux heures d'enseignement scientifique du tronc commun. Mais, cela ne se fera pas pour tout le monde. Sont concernés uniquement les premières qui n'ont pas choisi les maths comme spécialité.

Pour ces élèves, cette heure et demie supplémentaire est à caser dans une semaine chargée. "Pour nous, ça devrait être dans le tronc commun pour tous, y compris pour les élèves qui suivent l'enseignement de spécialité mathématiques", affirme Stéphane Crochet, secrétaire général du syndicat SE-Unsa au micro d'Europe 1, soulignant des "questions de contraintes et d'organisation des emplois du temps".

La crainte de "mathématiques punitives"

"Nous craignons que des maths de tronc commun, mais seulement pour certains, finissent par donner l'image de mathématiques punitives pour ceux qui ont le moins d'aisance et d'appétence", ajoute le syndicaliste. Pour ce retour des maths, il faut aussi des professeurs. L'ajout d'une heure et demie en première dès l'année prochaine représente près de 400 équivalents temps plein. Toutefois, le ministre Pap Ndiaye rassure quant à la présence des ressources.

Dernière interrogation : quid du programme ? Cela devrait être des maths plutôt concrètes, appliquées aux sciences, à l'économie ou à la géographie. Rien n'est encore bien précis à cet instant, et c'est ce qui agace beaucoup les profs de maths. Ils voient leur programme modifié quasiment chaque année depuis le début de la réforme.

Situation "très préoccupante" pour les maths en France, avertit le CNRS

Ce lundi, consécutivement à l'annonce du retour de la matière en première, le président du CNRS Antoine Petit a jugé "très préoccupante" la situation des mathématiques en France. "La situation est très préoccupante et sera catastrophique si nous ne faisons rien", a déclaré Antoine Petit, en mentionnant le niveau insuffisant des élèves français dans l'enquête internationale Pisa et la pénurie d'enseignants dans cette matière.

L'Institut national des sciences mathématiques et de leurs interactions (INSMI), qui dépend du CNRS, a rapporté la semaine dernière une "baisse de 8% du nombre d'enseignants-chercheurs en mathématiques depuis l'année 2020".