Lutte contre la pédocriminalité : une victime du père Preynat en appelle à Macron

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François Devaux, l’une des victimes du père Preynat et fondateur de l’association La Parole Libérée, publie "Le livre blanc des violences sexuelles sur mineurs". Interrogé sur Europe 1, il appelle le gouvernement à faire de la lutte contre ces violences une grande cause nationale. 
INTERVIEW

Comment améliorer la lutte contre les violences sexuelles sur mineurs ? François Devaux, l’une des victimes du père Preynat, cet ancien prêtre condamné à cinq ans de prisons pour d’innombrables agressions sexuelles commises sur des scouts pendant près de 20 ans, en appelle au gouvernement et à Emmanuel Macron. "Il y a tellement de choses à repenser dans la prise en charge des victimes de violences sexuelles. Il y a une politique publique à mettre en place. Un tel projet ne peut être porté que par le chef de l’Etat lui-même", demande le fondateur de l’association La Parole Libérée, interrogé jeudi midi sur Europe 1. 

Des études scientifiques pour mesurer l’ampleur du phénomène 

François Devaux publie Le livre blanc des violences sexuelles sur mineurs (éditions du Cerf), dans lequel il multiplie les recommandations et les pistes pour lutter contre ce fléau longtemps tabou dans notre société. Il demande en priorité des études scientifiques sur le sujet, afin d’améliorer les connaissances pour éclairer les pouvoirs publics. "On ne peut pas régler correctement un problème de société si on n’a pas une connaissance scientifique sur la dimension sociologique du problème. La première chose à faire est de commander des études qui nous permettent de définir l’ampleur de ces violences sexuelles. On mélange l’excision avec les violences sexuelles par exemple, on ne peut pas tout mélanger", détaille-t-il. 

"Tant que les députés et les sénateurs n’auront pas une matière scientifique tangible pour éclairer leur regard sur la réalité, ils ne seront pas en mesure de prendre les décisions. C’est la démonstration assez efficace que le Covid nous a apportée. Tant que le pouvoir n’est pas renseigné par le savoir, il ne peut pas prendre les bonnes décisions", poursuit-il.

"Les associations ne vont pas régler le problème" 

"On a vu des dysfonctionnements au sein de l’Eglise catholique, mais aussi au sein des institutions républicaines. Le propos de ce livre est de les pointer", explique François Devaux. Selon lui, les pouvoirs publics doivent prendre à bras le corps la lutte contre les violences sexuelles sur mineur, sous peine de ne pas parvenir à l'endiguer efficacement. 

"Les associations ne vont pas régler la problématique des violences sexuelles. On ne va pas la régler non plus par la loi Schiappa, qui allonge la prescription de 10 ans, ou avec l'abaissement du seuil de l’âge du consentement. Ce sont des mesures très bonnes, mais la problématique est beaucoup plus large que ça. Ce dont on souffre, c’est de l’absence de connaissances sur la réalité de ce sujet", conclut le fondateur de La Parole Libérée.