La tempête parfaite va-t-elle se poursuivre en Europe ? Après la baisse constante des livraisons de gaz russe, l'arrêt d'une grande partie du parc nucléaire Français et la sécheresse qui touche l'Europe amputant la production d'hydroélectricité, l'arrivée de l'hiver fait craindre le pire. Le gestionnaire du réseau français RTE, a présenté mercredi sa feuille de route pour les prochains mois et prévoit "un risque de tension accru" sur le réseau mais "gérable" en cas d'hiver doux. Mais l'opérateur craint le pire des scénarios : un hiver froid et sans vent.
"On a minoré les besoins en électricité" pendant des années, souligne Louis Gallois au micro d'Europe 1. "Et donc, nous sommes aujourd'hui dans une situation de pénurie", poursuit-il. L'ancien directeur d'Airbus ne prévoit pas néanmoins "une crise majeure cet hiver mais il va falloir prendre des mesures de sobriété".
"Nous n'avons pas anticipé"
Car l'actuel président du Conseil d'orientation de Patrimoine nucléaire et climat-France (PNC-France) regrette que les pays européens aient fermé de nombreuses centrales pilotables, polluantes, sans solution de rechange. Un point encore plus vrai en France, alors que le parc nucléaire connaît de grosses difficultés de production.
"On savait quel était le programme de maintenance et de grand carénage des centrales nucléaires actuelles", explique-t-il. Et d'ajouter : "Nous n'avons pas anticipé le fait que nous allions dans une période où le nucléaire ne pourrait plus produire autant qu'avant", pour cause de grand carénage.
L'absence de capacités pilotables en cause ?
"Deuxième problème, nous n'avons lancé la construction que d'une seule centrale depuis 1999, celle de Flamanville. Et dans le même temps, nous avons fermé 13 GW de centrales pilotables", regrette l'ancien président de la SNCF. Et si dans le même temps, la production des énergies renouvelables a considérablement augmenté, ce n'est pas suffisant pour Louis Gallois.
"Pour passer les pointes de consommation, il faut des capacités pilotables. Les énergies renouvelables ont leur justification, mais elles ne servent pas toujours à passer les pointes", souligne-t-il.
Et face à ce constat, le président du Conseil d'orientation de PNC-France estime qu'il faudra reconstruire des unités de production pilotables. "En attendant le programme nucléaire qui va être lancé, soit en service, je pense qu'il va falloir que nous regardions si nous ne devrons pas développer des nouvelles centrales à gaz. C'est aberrant, mais nous risquons d'en arriver là", regrette-t-il.