Hôpital 1:38
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Céline Géraud
À l'heure où l'hôpital public fait face à une crise et un manque cruel d'effectifs, retour sur l'évolution au fil des décennies, depuis la fin des années 1990. Un "cercle vicieux" s'installe selon Frédéric Bizard, économiste de la santé. Et pour y faire face, le gouvernement multiplie les rallonges financières.

Pandémie de Covid-19 et épidémie de bronchiolite : deux phénomènes distincts et un résultat identique, à savoir des urgences saturées et un personnel épuisé. L'hôpital public va mal. Pour comprendre comment on a pu en arriver là, il faut remonter à la fin des années 1990. 

C'est en 1996 qu'a lieu le premier plan d'austérité imposé par l'État. Cette course à la rentabilité cumulée avec une demande de soins croissante épuise les effectifs, entraînant une dégradation considérable des conditions de travail. Deuxième fracture en 2002, lorsque l'hôpital adopte les 35 heures. À l'époque, faute de moyens et de candidats, il y a pourtant peu d'embauches et plus de patients. L'absentéisme s'envole et le recours accru aux intérimaires, très coûteux, désorganise encore un peu plus l'hôpital.

Quand la culture de la rentabilité prend le dessus

Le point de rupture a lieu en 2009, avec l'adoption de la loi HPST (Hôpital, patients, santé, territoires). Et pour cause : cette réforme donne le pouvoir à un directeur administratif. Désormais, la culture de la rentabilité écrase celle du patient et l'hôpital bascule dans une autre dimension.

"Il y a une telle tension à l'hôpital aujourd'hui que cette bonne cogestion est aussi humainement impossible", estime Frédéric Bizard, économiste de la santé. "Et donc là, on a les mauvais pilotes. Et dans un environnement qui se dégrade. Il faut comprendre qu'on est dans un cercle vicieux." Un cycle infernal que le gouvernement tente d'enrayer avec des rallonges financières spectaculaires. La dernière date de lundi et s'élève à 543 millions d'euros.