Manifestation contre la "haine anti-flics" : des incidents à Paris, deux policiers blessés

Une voiture de police a été incendiée dans une rue adjacente de la place de la République
Une voiture de police a été incendiée dans une rue adjacente de la place de la République © JOEL SAGET / AFP
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M.L. , modifié à
Des heurts ont éclaté en marge du rassemblement contre la "haine anti-flics" à Paris, mercredi. La mobilisation a été calme ailleurs en France. 

Les policiers ont manifesté mercredi midi en France pour dénoncer la "haine anti-flics". Cette mobilisation inédite est survenue après deux mois d'affrontements en marge de la mobilisation contre la loi Travail, et alors que les forces de l'ordre se disent "fatiguées". Si les rassemblements se sont déroulés dans le calme dans la plupart des villes de France, des heurts ont éclaté à Paris. 

Les informations à retenir : 

- Les policiers se sont rassemblés à Paris et dans soixante villes de France

- Une centaine de contre-manifestants étaient présents à Paris, des heurts ont éclaté avec les CRS

- Une voiture de police a été incendiée, deux policiers ont été légèrement blessés

- Une enquête pour tentative d'homicide volontaire a été ouverte

  • Des heurts à Paris

Tensions autour de la place de la République. A Paris, le rassemblement a lieu place de la République, où se réunit chaque soir depuis fin mars le mouvement citoyen "Nuit debout". Des collectifs qui dénoncent les violences policières appelaient aussi à manifester sur cette place emblématique de la capitale, juste avant le rassemblement des syndicats de police. Mais les autorités ont finalement interdit la contre-manifestation du collectif "Urgence, notre police assassine", mercredi matin.

Vers 11h30, une centaine de ces contre-manifestants ont tout de même tenté de se rendre place de la République, mais l'accès leur a été interdit par les forces de l'ordre. Des barrières ont été installées aux abords de la place, totalement vidée, seuls les policiers et les journalistes étant autorisés à passer. La station de métro République a également été fermée en fin de matinée. 

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A midi, les contre-manifestants continuaient de tenter de rejoindre la place et d'être repoussés par les CRS, qui ont fait usage de gaz lacrymogène. "La police déteste tout le monde", "Rémi, on n'oublie pas, on pardonne pas", scandaient les manifestants, faisant référence à Rémi Fraisse, tué par une grenade sur le site du barrage de Sivens, en octobre 2014. 

Une voiture de police incendiée. La contre-manifestation s'est ensuite déplacée dans les rues adjacentes de la place de la République, vers le Canal Saint-Martin. Des projectiles ont été lancés sur les forces de l'ordre. Une centaine de manifestants se trouvaient Quai de Valmy lorsqu'ils ont croisé une voiture de police. Une quinzaine d'entre eux se sont alors mis à taper avec des barres de fer sur le véhicule, avant de jeter un fumigène par la lunette arrière brisée. Les deux fonctionnaires sont alors sortis de la voiture et ont été pris à parti par les manifestants. 

Le véhicule a pris feu et les pompiers sont intervenus pour l'éteindre. Les deux policiers, âgés d'une trentaine d'années, sont légèrement blessés, souffrant de contusions. Le préfet de police a condamné "très fermement l'action violente dirigée à l'encontre" de ces deux fonctionnaires, un homme et une femme, ajoutant qu'ils "n'ont pu s'échapper que dans des conditions extrêmes face à une agression d'une grande brutalité". Une enquête pour tentative d'homicide volontaire a été ouverte, mercredi

Parallèlement, le rassemblement de policiers s'est poursuivi place de la République. Plusieurs personnalités politiques comme Geoffroy Didier (LR), Marion Maréchal-Le Pen (FN) et Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République) étaient présents. Un film relatant le travail des policiers depuis les attentats du 13 novembre a été diffusé. Plusieurs centaines de policiers en civil ont entonné la Marseillaise, vers 13h30, marquant la fin du rassemblement. 

  • Des rassemblements dans le calme ailleurs

Les forces de l'ordre se sont rassemblées devant les hôtels de police d'une soixante de villes de France, sans heurts. A Nantes, une centaine de policiers étaient réunis. Ils étaient environ 200 à Rennes. Des rassemblements ont également eu lieu à Toulouse, à Lille ou à Marseille. Une centaine de gardiens de la paix ont manifesté devant le commissariat de Calais. 

  • Une manifestation inédite

Des policiers "exaspérés". Les syndicats policiers disaient répondre aux attentes de leurs collègues engagés dans le maintien de l'ordre depuis le début des manifestations, au cours desquelles plus de 350 membres des forces de l'ordre ont été blessés. "On peut comprendre que ces forces de l'ordre soient un peu exaspérées", a commenté mercredi le directeur général de la Police nationale Jean-Marc Falcone sur Europe 1, évoquant des fonctionnaires qui "se font agresser verbalement et physiquement"  alors qu'"ils sont soumis à une grosse pression depuis les attentats de janvier 2015".

Accusations de violences. Des accusations de "violences" ont été portées contre la police depuis le début de la mobilisation contre la loi Travail et des slogans tel "Tout le monde déteste la police" ont fait florès. Un jeune homme a perdu l'usage d'un œil après avoir été blessé fin avril à Rennes. Une trentaine d'enquêtes de la "police des polices" (IGPN) portant sur de présumées violences policières ont été ouvertes en France.

François Hollande soutient les policiers. Mercredi, le chef de l'Etat, selon le porte-parole de l'Elysée Stéphane Le Foll, a introduit le Conseil par "un message clair de soutien à l'ensemble des forces de police dans un contexte difficile", soulignant que "l'équilibre doit être parfaitement préservé entre le maintien de l'ordre et le respect de notre droit".