L'écrivain Maurice Genevoix, ou "le premier de nos écologistes"

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Manon Fossat , modifié à
Maurice Genevoix fait son entrée ce mercredi à 18 heures dans la Nécropole avec son ouvrage sur la Grande Guerre, "Ceux de 14". Mais la carrière de l'écrivain a également été marquée par son amour pour la nature. Son petit-fils Julien Larère-Genevoix revient au micro de Patrick Cohen sur ses textes précurseurs en matière d'écologie.
INTERVIEW

Il fait son entrée au Panthéon ce mercredi à 18 heures. Maurice Genevoix (1890-1980), l'un des grands écrivains de la Grande Guerre et académicien français, sera inhumé dans la Nécropole des "Grands hommes" au cours d'une cérémonie en présence du chef de l'Etat. Invité de Patrick Cohen, son petit-fils Julien Larère-Genevoix est revenu sur son plus célèbre ouvrage, Ceux de 14, mais également sur un autre pan méconnu de la carrière de l'auteur. Car Maurice Genevoix écrivait aussi sur la nature, les arbres, les animaux.

Des thématiques que l'on retrouve notamment dans son oeuvre Raboliot, qui conte la vie d’un braconnier de Sologne, et a obtenu le prix Goncourt en 1925. Cet amour et ce respect pour la nature amènent d'ailleurs Valéry Giscard d'Estaing à le qualifier à sa mort, en 1980, de "premier de nos écologistes". "La nature l'a véritablement consolé après le premier conflit mondial. C'est comme ça qu'il se réenracine au monde. La nature est sa consolation et donc il va écrire sur la elle parce que pour lui, c'est le contrepoint, ce qui lui permet de rester parmi les vivants après les horreurs", confie Julien Larère-Genevoix.

"Celui qui alerte très tôt sur les dangers"

"Il va développer bien avant l'heure, peut-être pas une forme d'écologie politique, mais en tout cas une attention. C'est celui qui alerte très tôt sur les dangers. Ce n'est pas un oiseau de mauvaise augure, il ne refuse pas le progrès, mais il dit 'Faisons attention, le monde est une affaire d'harmonie et il ne faut pas aller trop vite. Parce qu'à force de supprimer ce qui existe, de le remplacer trop vite, peut-être qu'on prend le risque d'écraser certaines solidarités'", poursuit son petit-fils qui retrouve dans cette façon de penser des questions très actuelles : "En matière d'écologie, l'écriture de Maurice Genevoix est tout à fait moderne".

Dès les années 30, l'auteur publie en effet des textes précurseurs sur la bétonisation notamment, ou la surexploitation et l'appauvrissement des sols, comme l'explique encore Julien Larère-Genevoix : "Il écrit tout ça après un voyage aux Etats-Unis et au Canada, où il voit les modes de culture et se dit que ça ne peut pas fonctionner, que ce n'est pas tenable. Et là on lui retrouve un véritable accent, presque militant. C'est une sorte de bon sens, d'humilité et de modestie par rapport aux choses qui nous entourent". 

Maurice Genevoix était également profondément attaché à terre, sa région et à La Loire : "Le fleuve a été vraiment un ami pour lui. Quand il perd sa mère à l'âge de 12 ans, c'est au bord de la Loire qu'il va se consoler. Et là s'impose une relation charnelle avec la nature". Raison pour laquelle l'écrivain a choisi par la suite une maison tout près de ce fleuve, afin de pouvoir s'y promener tous les jours : "Ca faisait partie de lui", conclut son petit-fils.