Marcel Gauchet 4:13
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Manon Fossat , modifié à
Sur Europe Matin mercredi, l'historien et philosophe Marcel Gauchet a estimé à moins de 100 jours de l'élection présidentielle que le quinquennat d'Emmanuel Macron est "un échec". Selon lui, la France en est "au même point qu'en 2017", et le chef de l'Etat aura du mal à rejouer la carte de "la grande ambition" pour 2022.

A moins de 100 jours de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron ne s'est toujours pas officiellement déclaré candidat à un second mandat. Invité sur Europe Matin mercredi, Marcel Gauchet, historien et philosophe, a estimé que le quinquennat du chef de l'Etat est "un échec". 

"L'échec ne se juge que par rapport à une intention initiale. Emmanuel Macron a été élu par irruption dans un jeu politique en déclarant l'impuissance de ce système d'alternance droite-gauche qui paraissait épuisé. Il promettait un nouvel élan pour la France, un remède à ce malheur français et qu'en reste-t-il à l'arrivée ? Un échec parce que le programme qui nous était annoncé et dont la clef de voûte était la refondation de l'Europe, se révèle à peu près inaccompli dans toutes ses dimensions."

Macron "a capitalisé sur les crises"

Selon lui, nous en sommes "au même point qu'en 2017". "Peut-être va-t-il nous rejouer la grande ambition mais il aura du mal parce qu'il est devenu plutôt le candidat de l'ordre et non pas du mouvement comme il était en 2017. C'est une métamorphose étonnante car il y a des échecs qui peuvent être des réussites électorales", a-t-il poursuivi.

Marcel Gauchet a encore estimé que le chef de l'Etat a "capitalisé sur les crises" qui l'ont secoué. "Il a eu une partie très difficile à jouer et loin que cette partie se retourne contre lui, finalement il en sort avec un socle de popularité et électoral plus fort que tout ce que l'on pouvait attendre, et plus fort certainement qu'en 2017", a affirmé l'historien. "Les gilets jaunes, même si il a eu du mal à s'en extirper, ça en a fait le candidat de l'ordre social. Le Covid, ça a été la providence pour lui. Ou encore la polémique sur la réforme des retraites, qui était très mal engagée pour son gouvernement, personne n'en parle plus. Et grâce au 'quoi qu'il en coûte' il a acquis l'image d'une social-démocratie généreuse et cette crise s'est passée sans casse pour une grande partie de la population."