Le prêtre qui a demandé la démission de Barbarin écarté de ses fonctions : "J'ai éraflé l'ego du cardinal"

  • Copié
Romain David , modifié à
Relevé de ses fonctions de juge auprès de l'officialité interdiocésaine de Lyon, le père Pierre Vignon a estimé au micro de Matthieu Belliard, sur Europe 1, que cette décision jetait le discrédit sur la volonté de l'Eglise de faire la lumière sur les scandales de pédophilie.
INTERVIEW

Les associations de victimes de prêtres pédophiles se disent "consternées" par cette annonce. Le père Pierre Vignon, lanceur d'alerte au sein de l'Eglise, a été sanctionné par l'épiscopat jeudi après-midi. Il a été démis de ses fonctions de juge au sein de l'officialité interdiocésaine de Lyon, après avoir appelé à la démission du cardinal Barbarin, accusé d'étouffer les scandales. "Ce matin, [on] m'a envoyé un mail assez sec, me disant qu'à partir du 1er novembre, les évêques de la région ont décidé de ne pas reconduire ma fonction", a expliqué jeudi au micro de Matthieu Belliard, sur Europe 1, le père Pierre Vignon. "C'est comme ça que je l'ai appris".

Le cardinal piqué au vif ? Une décision que ce prêtre impute au cardinal Barbarin,Dans une lettre mise en ligne le 21 août, et signée depuis par plus de 100.000 personnes, il appelait "publiquement et sans détour" l'archevêque de Lyon a démissionné. "J'ai éraflé l'ego du cardinal, c'est sûr, parce que j'ai osé parler franchement", avance-t-il. "Je crois que notre hiérarchie – que je respecte par ailleurs parce que je suis prêtre, mais ça ne m'empêche pas de parler librement –, a perdu le contact avec le peuple, ne le comprend plus", déplore le père Pierre Vignon.

 

>> Retrouvez du lundi au vendredi, de 17h à 20h, le Grand journal du soir de Matthieu Belliard sur Europe 1

La mauvaise volonté de l'Eglise. Pour cet ecclésiastique, la décision prise à son encontre jette une ombre sur les motivations de l'Eglise à faire toute la lumière sur les scandales de pédophilies de ces dernières années. "Quand j'ai parlé, j'ai reçu un soutien populaire massif. Je crois que ça dérange, ça gêne beaucoup", relève le père Pierre Vignon. "Le plus important, c'est la question des victimes. Est-on désireux d'apprendre d'elles comment sortir de cette crise, est-ce que l'on veut vraiment les écouter, apprendre d'elles les mesures à mettre en place pour que ça ne se reproduise plus ? Je n'en suis pas tout à fait certain", conclut ce religieux.

De son côté, le porte-parole de la Conférence des évêques de France a annoncé jeudi que ces derniers, qui se retrouvent à Lourdes ce week-end, discuteraient de l'idée de créer une "commission indépendante" sur la pédophilie dans l'Eglise, dirigée par quelqu'un qui ne serait pas membre du corps ecclésiastique.