Saïd Chabane 1:35
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François Coulon, édité par Mathilde Durand , modifié à
Le président du club de football d'Angers est mis en examen pour agressions sexuelles aggravées sur une employée du club ainsi que trois ex-salariées. S'il nie les faits, les charges restent sérieuses selon le procureur. Du côté des supporters, on attend le travail de la justice. 

"C’est la répétition des victimes qui nous permet de retenir des charges sérieuses", estime le procureur de la République d'Angers. Saïd Chabane, 55 ans, a été mis en examen pour agressions sexuelles aggravées à la suite de quatre plaintes, déposées par une salariée et trois ex-salariées. Il était en garde à vue depuis mercredi matin. "Il a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d'entrer en contact avec les victimes et les principaux témoins", a déclaré Eric Bouillard, procureur de la République d'Angers, précisant qu'une quatrième femme avait déposé plainte. 

Le 7 janvier dernier, une première femme a dénoncé des faits d’agressions sexuelles et de harcèlement sexuel qui se seraient déroulés en novembre 2019. Au cours de l’enquête d’environnement réalisée par la police judiciaire, deux autres victimes présumées ont été entendues puis ont décidé de porter plainte. Une dernière plaignante vient de se manifester. 

"Les trois plaintes concordent sur le mode opératoire"

Elles accusent le président Saïd Chabane de caresses "très appuyées sur les parties intimes". Il se serait "collé à ces jeunes femmes, leur aurait touché les fesses, les seins, les parties intimes, sans leur consentement". "Les trois plaintes concordent sur le mode opératoire utilisé : usage de la surprise et peut être même d’une certaine contrainte puisqu’il représente l’autorité", précise Eric Bouillard, le procureur de la République d'Angers. "C'est la répétition des victimes qui nous permet de retenir des charges sérieuses". 

Les agressions se seraient déroulées en marge de réunions ou de matches de football. Les faits dénoncés par la première plaignante auraient eu lieu à l'occasion d'un déplacement de l'encadrement du club. D'après les premières informations, aucun profil de victime ne se dégage. Elles étaient hôtesse d'accueil, secrétaire administrative ou encore chargée de clientèle.

"Cela va salir le club"

Après l'annonce de la garde à vue du président du club, la plupart des supporters ont opté pour un mutisme défensif. Mais certains ne cachent pas leur colère. "J'étais choquée ce matin quand j’ai vu ça", raconte Mélanie, supportrice du club depuis 10 ans. "Je ne le pensais pas comme ça, il avait l’air gentil. Quand je le croisais c’était cordial". 

"Il a quand même viré des joueurs comme des malpropres. Il est assez spécial comme garçon mais je ne pensais pas qu’il pouvait avoir des comportements comme ça par rapport aux femmes", ajoute la jeune femme. "C'est lamentable, cela va salir le club ! Angers c’est un club familial. Ils ont des valeurs."

Du côté des proches de Saïd Chabane, certains se disent choqués mais pas surpris. Les supporters et le club insistent : il faut des preuves et ils attendent la réponse de la justice. Dans un communiqué, le président réfute toutes les charges qui lui sont reprochées. L'homme d'affaires, natif d'Alger, avait racheté le SCO d'Angers en 2011 pour 1,7 million d'euros. Depuis son retour en Ligue 1 en 2015, le club prospère sous sa présidence.