Le PDG de Lactalis rompt le silence : "Des propos injustifiés ont été tenus"

Emmanuel Besnier ne s'était jusqu'ici pas exprimé au sujet de l'affaire qui ébranle son entreprise.
Emmanuel Besnier ne s'était jusqu'ici pas exprimé au sujet de l'affaire qui ébranle son entreprise. © DAMIEN MEYER / AFP
  • Copié
T.M. , modifié à
Dans une interview au "Journal du Dimanche", le si discret PDG de Lactalis, Emmanuel Besnier, sort enfin du silence. "Il n’y a pas eu de manquements de notre part sur les procédures", assure-t-il.

Jusqu'ici, il se faisait discret, voire invisible. Le PDG de Lactalis, Emmanuel Besnier, sort du silence dimanche dans une interview au JDD, alors que son groupe est au cœur d'un scandale de laits infantiles contaminés. Une prise de parole "nécessaire", dans laquelle il livre sa vérité, alors que "des propos injustifiés ont été tenus" selon lui.

Le retrait de tous les lots, "c'est moi qui l'ai proposé". Convoqué vendredi à Bercy, Emmanuel Besnier avait laissé seul Bruno Le Maire annoncer le retrait de tous les lots de laits en poudre produit dans l'usine de Craon, en Mayenne. Une décision forte qui ne sonne pourtant pas comme un désaveu pour la huitième fortune de France. "Au contraire. C’est moi qui l’ai proposé à Bruno Le Maire pour simplifier la procédure de rappel", affirme-t-il d'abord. "Si cela a été présenté par certains médias comme une injonction du ministre, c’est à tort". Au total, 83 pays et plus de 12 millions de boîtes sont concernés par le rappel.

" Nous reconnaissons qu’il manquait cinq lots dans le premier fichier que nous avons transmis à Bercy "

"À aucun moment il n’y a eu une intention de cacher les choses". Et si, aux yeux du ministre de l'Économie, le groupe a "gravement failli" en ne faisant pas preuve de "transparence" dans cette affaire, là encore, Emmanuel Besnier se défend. "Nous reconnaissons qu’il manquait cinq lots dans le premier fichier que nous avons transmis à Bercy. Cela a été corrigé dès le lendemain. À aucun moment il n’y a eu une intention de cacher les choses", assure-t-il ainsi. "Notre métier, c’est de mettre des produits sains sur le marché. Si cela n’a pas été le cas, c’est notre responsabilité. Je l’assume. Mais nous considérons qu’il n’y a pas eu de manquements de notre part sur les procédures", continue l'homme, qui cultive le secret. "Des propos injustifiés ont été tenus, je m’en suis expliqué vendredi avec Bruno Le Maire", lâche-t-il encore.

Comprendre ce qui s'est passé, "c'est mon obsession". Comment l'usine de Craon a-t-elle été contaminée ? Comment un tel scandale a-t-il pu arriver ? Le pôle santé publique du parquet de Paris a ouvert fin décembre une enquête préliminaire pour tenter de le savoir. "C’est mon obsession", garantit Emmanuel Besnier, qui soulève une piste potentielle : "au premier trimestre, nous avons fait des travaux dans cette usine. À cette occasion, la bactérie peut avoir été réintroduite à l’intérieur des installations. Nos investigations portent sur la manière dont ces travaux ont été effectués", expose-t-il. "Nous collaborerons avec la justice en donnant tous les éléments qu'on nous demandera. Nous n'avons jamais pensé agir autrement", jure-t-il enfin.

Produits vendus malgré le rappel : "peut-être des erreurs humaines". Quant à la commercialisation de laits incriminés par certains distributeurs, en dépit de leur retrait, "il y a peut-être eu des erreurs ­humaines", croit savoir le patron de Lactalis, qui promet par ailleurs d'indemniser toutes les victimes.

Au 9 janvier, les autorités de santé avaient recensé en France 35 nourrissons atteints de salmonellose et ayant consommé un lait ou un produit d'alimentation infantile de l'usine de Craon. Dix-huit d'entre eux ont été hospitalisés, mais tous avaient été sortis de l'hôpital, selon la même source.