Pour Sylvain Bouloque, le mouvement des "gilets jaunes" ont la particularité d'avoir réuni côte à côte l’ultra droite et l’extrême-gauche. 1:51
  • Copié
Thomas Vichard , modifié à
Invité du journal de la mi-journée de Fabienne Le Moal sur Europe 1, l'historien et spécialiste de l’extrême-gauche Sylvain Boulouque estime dans son livre "Mensonges en Gilet Jaune" que le mouvement des "gilets jaunes" est difficile à définir socialement. Il ne correspond à aucune autre mobilisation dans le passé de la France et présente plusieurs nouveautés historiques. 
INTERVIEW

Auteur de Mensonges en Gilet Jaune, qui paraît le 22 novembre, l'historien Sylvain Boulouque, spécialiste de l’extrême-gauche, était l'invité de Fabienne Le Moal dans le journal de la mi-journée sur Europe 1. Il explique dans son ouvrage que le mouvement des "gilets jaunes", qui "fête" son premier anniversaire samedi, est inédit à plusieurs titres dans l'histoire des mouvements sociaux français. Il estime également que les féministes n'ont pas réussi à s'en emparer.  

La première de ces nouveautés historiques est le mode de mobilisation, principalement basé sur les réseaux sociaux, explique Sylvain Boulouque. Mais l'historien s'est surtout intéressé aux personnes qui ont manifesté dans les cortèges des "gilets jaunes". "Depuis l'affaire Dreyfus, l'ultra droite et l’extrême-gauche n'avaient plus manifesté côte à côte. D'habitude, ce sont deux camps qui s'opposent, ils se sont affrontés à nouveau en décembre et mars dernier, mais c'est un phénomène nouveau de les voir manifester ensemble. Ils l'ont fait aussi pour tenter de prendre le contrôle du mouvement", expose l'historien.

"Les mères célibataires sont restées dans le silence de l'histoire"

Pour Sylvain Boulouque, le mouvement des "gilets jaunes" aurait en outre pu être celui des féministes si elles avaient été "moins sages". "Cela renvoie au phénomène médiatique, qui a sur-médiatisé la violence. Or, les manifestations féministes, de mères célibataires notamment, avaient lieu le dimanche. C'étaient des manifestations traditionnelles, sans casse, donc elles sont passées à la trappe. C'est un mouvement qui aurait pu faire plus écho aux mères célibataires, aux mères seules, mais elles sont restées dans le silence de l'histoire", décrit-il.