Le Comcyber s'est invité pour la première fois au défilé du 14-Juillet

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La cybercriminalité est en hausse exponentielle depuis ces dernières années © AFP
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Gwladys Laffitte , modifié à
Pour la première fois de leur histoire, les cyberenquêteurs de la gendarmerie ont défilé pour la parade militaire du 14-Juillet. L'occasion de mettre à l'honneur ce service de pointe, qui monte rapidement en puissance face à une délinquance en explosion. Le Général Marc Boget s'exprime au micro d'Europe 1.

Parmi les défilants du 14-Juillet ce jeudi : les gendarmes du Comcyber, le commandement cyber de la gendarmerie nationale. C'est la toute première fois que ces enquêteurs spécialisés dans la lutte contre la cyberdélinquance défilent. Et pour cause ce commandement est tout récent : il a été créé en aout dernier. Le Comcyber va sûrement monter rapidement en puissance, puisque la prochaine crise sera cyber.

De plus en plus de cyberattaques avérées

La place dans la société de la délinquance cyber est exponentielle, comme l'explique le Général Marc Boget, patron du Comcyber, au micro d'Europe 1. "Entre 2019 et 2020, j'ai pris 26 % d'augmentation sur le nombre de procédures. Je prends 38 % entre 2020 et 2021 et les premiers chiffres de 2022 démontrent une augmentation toujours croissante."

Dans deux ans, la France devra accueillir les Jeux olympiques. Un événement majeur qui va demander une très grande vigilance aux enquêteurs du Comcyber. "On a la volonté de monter à 10 000 cyber-enquêteurs d'ici à 2024. Aujourd'hui, on est presque à 8.000." Pendant les Jeux de Tokyo, on dénombre 70.000 attaques avérées. C'est neuf fois plus qu'aux Jeux de Londres. "On s'attend à peu près au même coefficient multiplicateur entre Tokyo et Paris."

7.500 enquêteurs dans toute la France

Sur les neuf premiers mois de son existence, le commandement de la gendarmerie dans le cyberespace, ou Comcyber, qui regroupe 7.500 enquêteurs sur le territoire national, a traité 2.500 procédures judiciaires. 

Les plaintes ne cessent d'augmenter : pour les seules attaques en ligne, elles ont enregistré une hausse de 26% entre 2019 et 2020, de 38% entre 2020 et 2021. Et les "premiers chiffres de 2022 ne démontrent pas une accalmie", explique le général de division Marc Boget.

Les cyberenquêteurs doivent faire face à trois grands types de délinquants : ceux "très (en) haut du spectre", capables de mener d'importantes attaques par rançongiciel en ciblant de grosses entreprises ; des délinquants "moins chevronnés" -le gros des procédures- mais capables de solliciter des spécialistes au cas par cas pour des attaques d'ampleur ; enfin, les escrocs s'attaquant à un "grand nombre de victimes", en réclamant des "petits montants", via des "escroqueries à la fausse romance, ou encore des menaces de revenge porn".

Les services du général Boget doivent aussi faire "monter le niveau d'hygiène numérique des potentielles victimes". Plus de 420.000 personnes ont ainsi été sensibilisées aux risques cyber ces neuf derniers mois, dont des collectivités.

Le challenge est d'autant plus relevé que les profils sont rares. Dans ce secteur, la gendarmerie met l'accent sur la formation initiale et continue, pour essayer d'attirer dans ses rangs ces "geeks" aux profils "rares, chers et compliqués à garder", résume le général. "Il manque 5 à 6.000 ingénieurs cyber en France", ajoute-t-il.