"On peut détruire quelqu'un par la parole" : Léo, adolescent harcelé, n'a pas pu faire sa rentrée

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Lionel Gougelot, à Robersart (Nord), édité par Thibaud Le Meneec , modifié à
Victime de harcèlement par un autre élève depuis un an, Léo n'a pas fait sa rentrée avec ses autres camarades et doit maintenant changer de collège. Avec sa mère, ils racontent un calvaire qui les a poussés à changer d'établissement.
TÉMOIGNAGE

Léo*, 12 ans, n'a pas pu faire sa rentrée en quatrième, mercredi. Et pour cause : jusqu'à dimanche, cet adolescent a été victime de harcèlement par un autre élève, ce qui a poussé sa mère à le garder dans la maison familiale de Robersart, une petite commune du Nord non loin de Valenciennes et Maubeuge.

Dimanche, Yamina en a eu "ras-le-bol", comme elle le confie jeudi à Europe 1. C'est un nouveau message de menace à trois jours de la rentrée qui l'a décidée à ne pas emmener son fils au collège Saint-Michel de la commune voisine de Solesmes. Elle a aussi rendu ces menaces publiques, ce qui lui a valu des milliers de témoignages de soutien.

La peur d'un coup de poing à la sortie du collège

Léo lui-même ne voulait pas risquer de faire face à son harceleur : "Je ne savais vraiment pas si ça allait arriver", raconte le jeune adolescent. "C'est pour ça que maman n'a pas pris le risque de me mettre au collège aujourd'hui [mercredi, NDLR]. On ne sait jamais, dans la cour de récréation, ça peut aller vite. Ou même à la sortie, il peut m'attraper d'un coup dans un coin et me mettre un coup de poing."

Entendu sur europe1 :
Il y a eu des menaces de mort et des insultes, comme 'fils de p***'. On peut détruire quelqu'un par la parole

Le calvaire de Léo a duré toute l'année scolaire dernière. "Il y a eu des menaces de mort et des insultes, comme 'fils de p***'. Il lui a demandé de l'argent alors qu'il ne lui doit aucun centime. On peut détruire quelqu'un par la parole", atteste Yamina. 

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Ces brimades ont lentement fait sombrer l'enfant en dépression : "Il avait su se procurer des comprimés en demandant à des camarades de classe combien il fallait de cachets pour mourir", relate sa mère. "On m'aurait mis un coup de poignard dans le coeur, ça n'aurait pas été pire. Il a été hospitalisé suite à ça parce que je l'ai tout de suite emmené en pédiatrie. Ç'a été un déchirement, il pleurait, il me tendait ses bras, il me demandait de ne pas l'abandonner. En tant que maman, cette image m'a fait très mal, je ne suis pas prête de l'enlever de mes yeux."

"À partir de là, on a mis en place un suivi psychologique" pour Léo, poursuit Yamina. "Pendant un an, j'ai vu mon fils se détruire tous les jours psychologiquement. J'avais besoin qu'on l'aide."

Léo veut simplement trouver des camarades "qui l'apprécient"

L'enfant, lui, met directement en cause l'établissement dont il a été contraint de partir : "Pas grand monde nous soutenait, à part mon meilleur ami et mes parents. On aurait dit que le collège s'en moquait, ils n'ont rien fait."

"J'avais pris rendez-vous avec le chef d'établissement pour lui faire part de la situation vécue par mon fils", précise Yamina. "La sanction qui a été prise a été de changer l'élève de classe. On menace un élève de mort et on m'annonce que l'élève changera simplement de classe. J'ai dit non, je n'en pouvais plus." Contacté, le collège n'a pas donné suite aux sollicitations d'Europe 1.

Après cet enfer, Léo espère maintenant se reconstruire : "Que ça cesse et que je trouve enfin des personnes avec qui je peux vraiment être ami et qui m'apprécient vraiment, qui sont sincères", souhaite-t-il. Mais quitter le collège alors que son harceleur y est toujours, c'est un peu reconnaître que c'est lui qui a gagné, regrette Léo.

*Le prénom a été modifié

Un site et un numéro contre le harcèlement

Le ministère de l'Éducation nationale a mis en place un site internet et un numéro de téléphone contre le harcèlement scolaire :

nonauharcelement.education.gouv.fr

Numéro de téléphone : 3020 (service et appel gratuits)