Le cardinal Barbarin va remettre sa démission au pape

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avec AFP , modifié à
Le cardinal Barbarin a annoncé sa démission après sa condamnation à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d'abus sexuels. 

Le cardinal Barbarin, condamné jeudi à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé les abus sexuels d'un prêtre lyonnais, va remettre sa démission au pape. "J'ai décidé d'aller voir le Saint Père pour lui remettre ma démission. Il me recevra dans quelques jours", a indiqué devant la presse l'archevêque de Lyon, après avoir dit "prendre acte de la décision du tribunal". "Indépendamment de mon sort personnel, je tiens à redire toute ma compassion pour les victimes", a-t-il ajouté.  

En avril 2016, aux débuts de l'affaire, le prélat avait déjà proposé sa démission mais celle-ci avait été refusée par le Pape.

Le plus haut dignitaire catholique français condamné dans une telle affaire. Le cardinal Barbarin a été déclaré "coupable" de n'avoir pas signalé à la justice en 2014 et 2015 les agressions pédophiles commises sur des scouts - un quart de siècle plus tôt - par le père Bernard Preynat, dont il fut prévenu par une victime. Le jugement, communiqué à la presse par le parquet, est clair : il reproche au religieux de 68 ans - qui avait martelé durant le procès, début janvier, n'avoir "jamais cherché à cacher, encore moins à couvrir ces faits horribles" - d'avoir "fait le choix en conscience" de ne rien transmettre aux autorités judiciaires "pour préserver l'institution à laquelle il appartient".

Archevêque de Lyon depuis 2002, cardinal depuis 2003, primat des Gaules, il est le plus haut dignitaire catholique français à être condamné dans une telle affaire, après deux évêques en 2001 et 2018. La défense du prélat a immédiatement annoncé faire appel.

"L'obligation de dénoncer s'imposait", selon le tribunal. Le tribunal a balayé les arguments des avocats du cardinal, dont l'absence jeudi a été dénoncée comme "un énième manque de respect" par un des plaignants. Pour le tribunal, Mgr Barbarin aurait dû dénoncer les faits dès 2010, quand il s'entretint avec le père Preynat sur son passé. Mais cette période est prescrite. Elle ne l'est pas en revanche depuis 2014, quand l'archevêque rencontra l'une des victimes, Alexandre Hezez, qui l'alerta sur son cas et, potentiellement, beaucoup d'autres. "L'obligation de dénoncer s'imposait", affirme le jugement, là où les avocats considèrent que l'ancien scout pouvait porter plainte de son propre chef - ce qu'il fit en 2015.

Après trois ans de ce scandale qui symbolise en France la crise de l'Eglise face à la pédophilie, le procès avait donné lieu à des témoignages poignants qui ont marqué les esprits. La condamnation de Philippe Barbarin intervient après un sommet inédit, fin février, de la hiérarchie catholique à Rome, où le pape a promis "une lutte à tous les niveaux" contre la pédophilie.