L'attaque du Bataclan n'aurait pas pu être évitée, selon la commission d'enquête

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avec AFP , modifié à
La commission d'enquête parlementaire a rendu ses conclusions, mardi matin. Selon elle, l'attaque du Bataclan n'aurait pas pu être évitée.

Ce sont des conclusions très attendues. La commission d'enquête parlementaire sur les attentats de 2015 a publié son rapport, mardi matin. S'il n'y a "pas eu de gros ratés" dans la gestion des attentats parisiens de 2015, la France n'était cependant "pas prête" à affronter des attaques djihadistes de cette ampleur. 

Des menaces antérieures contre le Bataclan. Selon elle, l'attaque djihadiste du 13 novembre contre le Bataclan n'aurait pas pu être évitée, alors que des menaces avaient été proférées en 2009 et 2015 et étaient connues du renseignement. "Contrecarrer les attaques aurait supposé que les magistrats instructeurs et les agents des services de renseignement aient gardé, personnellement, en mémoire toutes les cibles mentionnées par les terroristes lors de leurs auditions", affirme le rapporteur de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats Sébastien Pietrasanta.

L'évacuation des victimes perfectible. Le soir du 13 novembre, "l'intervention des forces d'intervention a été rapide, efficace et a démontré qu'elles étaient capables de collaborer", ajoute Sébastien Pietrasanta qui s'interroge toutefois sur "le bien-fondé du maintien de plusieurs forces d'intervention spécialisées" et préconise, à terme, "la fusion des trois forces d'élite" (GIGN, Raid et BRI). Même constat globalement positif sur l'intervention des secours. Le principal problème, selon la commission, a été l'évacuation des victimes, qui a pu être retardée par le fait que les secours d'urgence n'avaient pas accès au périmètre des forces d'intervention. Dans ses 39 propositions, qui devaient être formellement adoptées mardi matin, la commission préconise ainsi l'instauration de "colonnes d'extraction" des victimes.

Réorganisation du renseignement. Elle préconise par ailleurs une réorganisation du renseignement autour d'une agence nationale placée directement sous l'autorité du Premier ministre, sur le modèle américain du Centre national antiterroriste (NTC) créé après le 11 septembre 2001. "Face au défi du terrorisme international, il faut des ambitions beaucoup plus élevées que ce qu'a mis en oeuvre jusqu'à maintenant le ministère de l'Intérieur en termes de renseignement et créer une agence nationale de lutte contre le terrorisme", déclare Georges Fenech, le président de la commission qui dévoile mardi ses conclusions.

Faille du renseignement pénitentiaire. Le cas d'Amédy Coulibaly, tueur de l'Hyper Cacher en janvier 2015, est également emblématique des failles du renseignement, cette fois-ci pénitentiaire, domaine dans lequel "tout est à faire", a reconnu le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas lors de son audition. Condamné plusieurs fois, notamment lors du procès d'un projet d'évasion de Smaïn Aït Ali Belkacem, l'un des auteurs des attentats de 1995, Coulibaly est sorti de prison sans que l'information ne soit transmise, ni qu'aucune surveillance ne soit prévue alors même que sa radicalisation ne faisait plus de doute.

L'état d'urgence, peu d'effet sur la sécurité. Le rapporteur de la commission d'enquête affirme également que l'état d'urgence décrété dans la foulée du 13-novembre et l'opération militaire Sentinelle n'ont qu'"une portée limitée sur la sécurité nationale". "L'état d'urgence a eu un effet mais il semble s'être rapidement amenuisé. Et dix-huit mois après le début de l'opération Sentinelle, alors que cette contribution qui a été jusqu'à 10.000 hommes est encore aujourd'hui de 6.000 à 7.000 soldats, je m'interroge sur la valeur ajoutée réelle dans la sécurisation du territoire national", déclare le député socialiste Sébastien Pietrasanta.