LA QUESTION SEXO - L'androgynie, c'est quoi ?

Film Miss
Le film Miss sort en salle ce mercredi 11 mars. © Capture d'écran / Allociné
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Catherine Blanc éditée par Coline Vazquez
À l'occasion de la sortie du film Miss, ce mercredi dont Europe 1 est partenaire, la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc revient sur l'androgynie et répond aux questions des chroniqueurs de l'émission "Sans rendez-vous" sur Europe 1. 

Quand un homme décide de vivre son rêve d'enfant et de se présenter au concours de miss France en cachant son genre masculin... C'est le pitch du film Miss réalisé par Ruben Alves, sorti en salle mercredi et dont Europe 1 est partenaire. L'occasion pour la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc de répondre, dans l'émission "Sans rendez-vous", à certaines questions que l'on se pose sur l'androgynie

       
    Miss   
    Miss Bande-annonce VF 

L'androgynie, c'est quoi ? 

C’est quelqu'un dont l'apparence fait que l'on peine à savoir s'il est garçon ou fille. Ce n'est, donc, qu'une histoire d’apparence, c'est-à-dire que les traits ne nous permettent pas de bien définir son genre.

Est-ce un phénomène récent ou cela a-t-il toujours existé ? 

Ce n'est pas une histoire culturelle. C'est vraiment une histoire de corps ou de traits, cultivés ou non. Il y a des époques, notamment dans les années 70, durant lesquelles on a joué sur les glissements de terrain de son genre, ce qui fait que les hommes avaient les cheveux longs, les femmes ne mettaient pas leurs seins en avant, enlevaient leurs soutiens-gorge comme pour nier leur genre féminin. Donc on peut jouer avec ça, mais sinon, c'est une question tout simplement de structure génétique.

Ça n'a rien à voir avec l'hermaphrodisme ? 

Non car là, c'est une question de genre au sens de reproduction qui n'est pas très claire, c'est-à-dire qu'on ne sait pas s'il y a le sexe féminin ou le sexe masculin, ou les deux sont présents potentiellement, ou l'un ne s'est pas complètement développé et l'autre est encore un peu présent. Rien à voir. Là, on est dans l'apparence. D'ailleurs ça vient du grec "andro", homme, au sens de d'apparence, de genre et de "gyne", femme. C'est, donc, vraiment une histoire de look. 

Est-ce que ça a un impact sur la sexualité de la personne ? 

Evidemment que quand on se construit, on le fait avec l'idée que l'on se fait de soi et l'idée que l'on renvoie aux autres. Donc moi, si je me sens profondément féminine alors que les apparences extérieures laissent à penser quelque chose de très masculin, je peux être polluée par ce regard et douter de mon ressenti.

Un homme androgyne est-il nécessairement homosexuel? 

Pas du tout, non, pas nécessairement. Il peut être complètement hétérosexuel. Il faut bien comprendre que notre élan sexuel est un élan qui part de notre réalité physiologique d'une part, de ce que nous renvoie la société, de ce que nous sommes, et des enjeux de ce que nous sommes et des possibilités ou non. Et puis après, des enjeux relationnels avec les uns et les autres et de l'intérêt ou de l'opportunité de faire prévaloir un élan ou un autre. 

Peut-on être à la fois viril et androgyne ? 

Dans l'absolu oui. Sauf que, évidemment, quand on est androgyne, on n'est pas perçu comme viril. Donc, comme on ne l'est pas, on a tendance à désinvestir ce côté-là pour investir ce que les autres semblent voir de soi et c'est pour ça qu'on se retrouve dans une absence de virilité, par une absence dans le corps d'une infirmation de cette virilité. 

Est-ce facile de trouver l'amour quand on est androgyne ? 

En fait là, on se pose la question parce que l'on parle d'androgynie. Mais, même dans des couples très identifiés homme/femme, avec les caractéristiques bien nettes, ça ne veut pas dire pour autant que l'homme joue complètement un rôle "masculin" et la femme complètement un rôle "féminin". En réalité, il y a toujours chaussure à son pied, c'est à dire qu'il y a toujours, même pour l'androgyne, quelqu'un qui va trouver, dans son apparence un peu ambivalente, l'occasion formidable de jouer sa propre ambivalence personnelle, quand bien même, physiquement il n'y en aurait pas. Ça ne pose donc pas de problème. Nous avons tous des gens qui nous correspondent, qui profitent de ce que nous sommes et de ce que nous mettons en avant pour venir faire écho à leur propre mécanisme, à leur propre histoire, à leurs propres enjeux et à leurs propres élans.