Libido Question sexo 3:56
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Catherine Blanc
Hélène n'a plus de libido depuis le début du confinement et s'inquiète du fait qu'elle et son copain soient devenus "des colocataires" plus que des concubins. Sur Europe 1, jeudi après-midi, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc lui donne quelques conseils pour raviver un "élan personnel".

Depuis un mois et demi, Hélène et son partenaire "se laissent aller". Cette auditrice d'Europe 1 confie ne plus avoir de libido, état qu'elle lie au fait de rester en pyjama et de ne plus s'épiler depuis le début du confinement. Sexologue et psychanalyste à Paris, Catherine Blanc lui répond dans Sans Rendez-vous sur Europe 1, jeudi après-midi. 

La question d'Hélène

"Depuis le début du confinement, mon copain et moi nous laissons aller. On reste le plus souvent en pyjama, je n'ose pas m'épiler seule, donc j'ai laissé pousser. Pensez-vous que ce laisser-aller physique explique que l'on n'ait plus du tout de libido ? On dirait qu'on est devenus des colocataires."

La réponse de Catherine Blanc

"Si le désir sexuel n'était qu'histoire de mise en scène, on pourrait dire que ce n'est pas dans ce cadre-là que la sexualité peut se faire. D'abord, il y a à tous les temps des styles de vie, des styles esthétiques, des cultures esthétiques. Ce n'est pas le goût pour une jambe épilée qui fait le désir sexuel, pas plus que c'est le goût pour une robe ou un pull bien près du corps plutôt qu'un pyjama qui fait le désir sexuel. Ce n'est pas si réducteur que cela. 

Quand on ne prend pas soin de soi, on indique à l'autre qu'on n'a pas de valeur. C'est surtout ça : on peut être extrêmement sexy, poilu(e) et en pyjama. C'est surtout comment on s'investit, comment on est joyeux, comment on est vivant, ou est-ce qu'on n'utilise pas le pyjama et les poils pour éloigner l'autre. Dans ce cas, ça marche très bien. 

C'est davantage une question de valeur que de libido ?

La vie doit continuer en période de confinement. Ce n'est pas simplement pour séduire l'autre. On garde un rythme, une valeur de soi. C'est à ce titre qu'il faut se lever avec des horaires, qu'on se soigne, qu'on se lave, qu'on sent bon pour soi-même. Du coup, on n'indique pas à l'autre un état déprimé de soi-même et un besoin de l'éloigner. 

La sexualité n'a pas besoin d'une tenue particulière ou d'une épilation particulière. Sinon, ça voudrait dire que n'importe quelle jambe épilée m'excite ou n'importe quelle robe est source de désir. Mais, évidemment, c'est une démarche qui doit se manifester avant tout pour soi-même, le regard que nous posons sur nous et l'intérêt que nous voulons représenter pour l'autre. Mais tout n'est pas dans la direction de l'autre, malgré tout.

Que doit faire Hélène ?

Je pense que sa baisse de libido est en amont de son jogging, de son pyjama ou de sa jambe non-épilée. C'est bien pour ça qu'elle ne s'épile pas et qu'elle ne s'habille plus. Elle est dans un état déprimé d'elle-même. Elle a perdu cette libido au sens large et au sens sexuel du terme. Le premier conseil, c'est de réactiver l'élan de vie personnel, de retrouver cet élan général pour retrouver un goût d'elle-même, ce qui l'amènera sur le chemin de la sexualité et de son partenaire."