LA QUESTION SEXO - Faut-il rompre pendant le confinement ?

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Catherine Blanc, édité par Ugo Pascolo
Avant le confinement, Sarah avait l'intention de rompre. Mais depuis, elle se demande si elle ne doit pas attendre de revoir son compagnon avant de le lui annoncer. Dans "Sans Rendez-vous" mercredi, la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc estime qu'il est important que cet acte se fasse "les yeux dans les yeux". 

>> C'est un moment difficile à passer. Lorsque vient le temps de la rupture dans un couple, cela peut être vécu comme un drame pour la personne qui se voit refuser son amour. Mais cette rupture peut être encore plus difficile à vivre pendant le confinement, lorsque la communication est réduite. N'est-il pas alors cruel de rompre pendant cette période si particulière ? Dans "Sans Rendez-vous" ce mercredi, la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc répond à Sarah, qui voulait quitter son copain avant d'être cloîtrée chez elle, mais qui désormais hésite à attendre la fin de la crise sanitaire. 

La question de Sarah, 31 ans 

"Mon copain et moi sommes en couple depuis quatre mois, mais nous n'habitons pas ensemble. J'étais sur le point de rompre avec lui avant l'épidémie et je ne sais pas si je dois attendre la fin du confinement pour lui annoncer ma décision. Qu'en pensez-vous ?"

La réponse de Catherine Blanc 

"Je crois malheureusement que certains ne s’encombrent pas du confinement et ne se privent pas de rompre par téléphone. Ce qui n’est évidemment pas souhaitable pour l’autre, parce que c’est violent, mais aussi parce que c’est important de faire face à ses limites, dire les choses les yeux dans les yeux, le faire en laissant à l’autre le droit de s’exprimer, de le souffrir. C’est un respect que l’on doit à l’autre, mais que l’on se doit aussi pour mesurer sa compétence à faire des choix, et ne pas fuir l’inconfort pour toujours courir vers une idée du bonheur sans en porter toute la responsabilité. Parce que le bonheur est aussi la capacité à faire face à ce qui ne nous convient pas.

Mais est-ce que c’est si grave de se faire larguer alors qu’ils ne sont en couple que depuis quatre mois ?

Avant d’avoir une relation avec des enfants, et une vie construite qui ne remet plus en question l’amour, il y a eu ces premiers quatre mois. Ils étaient suffisamment forts pour pouvoir tisser des relations de sécurité et de force. La rupture, c’est la perte d’une illusion, d’un projet, et la douleur cuisante des brusqueries du cœur. La durée de la relation ne rentre pas en ligne de compte. Dans l’instant de l’amour c’est douloureux, parce que notre projet n’a pas abouti et parce qu’on ne se sent pas aimé.

Doit-elle lui envoyer des signes avant de rompre ?

En temps de confinement, où l’on manque de tendresse en général, le sentiment d’un désamour peut être, pour les plus fragiles, particulièrement douloureux. On peut aussi se dire qu’avec le confinement, la personne que l’on veut quitter se rend compte qu’elle s’en sortait très bien seule, et qu’elle pourra encore le faire une fois la rupture passée. 

Mais rompre c’est toujours risqué parce qu’on a peur de blesser l’autre. Il faut toujours faire attention aux signaux qu’on envoie et ne pas laisser croire à un manque alors que ce n’est pas le cas. Il faudra de toute façon sauter dans ce face-à-face où l’autre vient à corps perdu vers vous, alors que vous n’êtes pas prêt à l’accueillir."