LA QUESTION SEXO - Existe-t-il un point G chez les hommes ?

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Catherine Blanc
Dans l'émission "Sans rendez-vous", vendredi sur Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc a évoqué la possible existence d'un point G chez les hommes, stimulé notamment lors du massage prostatique. Mais si la parole se libère autour de cette pratique, tous les hommes n'y sont pas forcément ouverts.

Existe-t-il, chez les hommes, un équivalent au point G des femmes (zone dont l'existence, ou non, fait débat) ? Dans l’émission Sans rendez-vous, vendredi sur Europe 1, la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc a notamment évoqué la sensibilité de certains hommes dès lors que leur prostate est stimulée.

La chronique de Catherine Blanc

Premièrement, je suis assez dubitative sur le point G chez les femmes. Ce n'est pas qu'il n'y en a pas, bien sûr, parce qu'il y a des zones qui sont particulièrement sensibles, mais on voit que les zones chez deux êtres différents ne sont pas sensibles de façon identique. Pour X raisons, nous investissons plus ou moins des parties de notre corps, ou nous ne voulons pas découvrir certaines parties de notre corps car cela nous renvoie à des positions ou à des situations qui sont dérangeantes.

Donc, à ce titre, le point G chez les hommes considéré comme étant au niveau de la prostate impliquerait un toucher rectal ou une pénétration rectale d'un doigt ou d'un pénis. Evidemment, vous comprenez que tous les hommes n'ont pas le souhait de la sentir sollicitée. Non pas parce que ça ne serait pas source de plaisir, mais parce que cela les renvoie parfois à des postures anxiogènes, dans le lien à l'autre et dans la représentation qu'ils ont, d'eux-mêmes.

Ce plaisir prostatique existe-t-il vraiment ?

Sur une zone érogène, il y a un merveilleux tissu de système nerveux. Donc évidemment qu'il y a un ressenti. Un ressenti qui peut être extrêmement érotisée. Donc, à ce titre, tous les hommes ont intérêt, éventuellement, à y aller et se laisser surprendre.

Mais ils ont aussi le droit de ne pas le souhaiter. Beaucoup d'hommes ne pourraient pas imaginer une seule seconde être sollicités de ce point de vue là, y compris d'ailleurs quand c'est pour des raisons médicales. Certains ont justement peur que cela crée un plaisir dans un lien médical. Ce qui est d'ailleurs assez amusant parce que les femmes vont chez des gynécologues, et elles ne se posent pas la question de si être pénétrée par un spéculum risquerait d'amener une jouissance de pénétration.

Les hommes acceptent-ils tous cette stimulation ?

C'est là toute la difficulté. C'est à l'homme de pouvoir exprimer leur désir. Certains vont le demander, mais d'autres pas, en espérant tout de même que ce sera fait. Et puis, une femme peut se sentir très mal à l'aise si l'homme est, lui-même, mal à l'aise, d'être dans cette position, d'être pénétré d'un doigt ou d'un jouet. Quant à la femme, elle peut être très mal à l'aise à l'idée d'être pénétrante car cela la renvoie à une posture qui ne correspond pas à son genre et l'idée qu'elle se fait de son genre.

Est-ce une pratique nouvelle ?

Il n'y pas de mode dans la sexualité, il y a simplement des mots qui se libèrent, et des gens qui peuvent se poser la question et oser tendre vers une curiosité. Certains osent et reviennent sur leurs pratiques passées et l'intègrent à leur pratique. Tout cela dépend évidemment du jeu du couple, du jeu de la relation, de l'image que chacun a de soi et de cette intimité partagée.

Notre intimité, c'est une intimité émotionnelle et c'est plus qu'une intimité de corps. Nos émotions sont, pour les uns et les autres, vacillantes et faciles à accueillir parfois et parfois pas, c'est à inventer au sein du couple.