gastronomie 7:15
  • Copié
Coraline Brouez
"Les hommes mangent plus de viande que les femmes", "les femmes suivent toutes des régimes"… Les stéréotypes sexistes ont la vie dure, même en cuisine. C'est pour éveiller notre conscience sur ce phénomène que Laurent Mariotte a invité Nora Bouazzouni, auteure du livre "Steaksisme", dans l'émission "La Table des bons vivants".
ANALYSE

Les hommes se nourriraient exclusivement de pommes de terre et de côte de bœuf tandis que les femmes, elles, ne se contenteraient que d'une feuille de salade. Véritable cliché de la gastronomie française ou fait avéré ? La question se pose dans une société en pleine mutation qui fait la part belle aux questions de sexisme et de genre. Pour tenter d'y répondre, Laurent Mariotte donne la parole à Nora Bouazzouni, journaliste et auteure du livre Steaksisme, dans l'émission La Table des bons vivants

Nourriture asexuée

"La nourriture n'a pas de sexe", explique rapidement Nora Bouazzouni. "C'est nous qui collons des petites étiquettes bien binaires dessus, comme on colle les étiquettes un petit peu partout comme les vêtements ou encore les productions culturelles. Donc, à cause de stéréotypes qui courent sur certaines pratiques alimentaires, il y aurait des aliments qui seraient codés comme féminins ou codés comme masculins." Pour se rendre compte de ce phénomène, la journaliste a étudié les habitudes alimentaires et observé leur mode de propagation, notamment via les publicités ainsi que leurs impacts. 

Viande et yaourt, même combat

Dans un premier temps, les études le montrent, les hommes mangent effectivement plus de viande que les femmes, "deux fois plus pour être exact" selon Nora Bouazzouni. En revanche, les femmes mangent davantage de yaourts que les hommes. Mais contrairement à ce que l'on pourrait croire, ces goûts ne sont pas innés et c'est là que les stéréotypes entrent en jeu.

En effet, si à l'heure actuelle hommes et femmes semblent avoir des régimes alimentaires différents, c'est en partie dû à l'éducation : au sein de la famille et dans la société, notamment à travers la publicité. En famille, depuis des générations, on sert de plus grandes quantités aux garçons car ils se sont épuisés au foot ou au rugby, à l'inverse de la petite fille qui n'a fait que de la corde à sauter. Or, "les deux ont fourni un effort physique dont les apports nécessaires sont équivalents", rappelle le journaliste Jean-Luc Petitrenaud.

Découvrez notre newsletter gastronomie

Recevez tous les dimanches à 10h notre newsletter "A table !" pour exceller derrière les fourneaux avec les recettes, conseils et trucs & astuces de Laurent Mariotte, ses chroniqueurs et ses invités.

Abonnez-vous ici

"La publicité joue également un rôle dans la propagation des clichés", commente Nora Bouazzouni. "Regardez les campagnes pour la viande, par exemple, ou pour les burgers ou les fast-foods… Ce sont des grosses voix rocailleuses qui se veulent bien viriles." En revanche, pour les publicités concernant les yaourts, il s'agit souvent d'une voix féminine avec des mots doux qui invitent à une parenthèse de bien-être, supposée parler aux femmes et à leur inconscient. "On voit bien que rien qu'avec la sémantique, avec les mots utilisés, les slogans et l'intonation, la voix qu'elle soit masculine ou féminine nous pousse en fait, avec notre petit inconscient, à être manipulé. Et de cette façon, on construit et on perpétue ces clichés genrés."

La solution ? La prise de conscience et commencer par changer son rapport à la nourriture, aussi bien pour les adultes que pour les enfants. Prendre de la mayonnaise allégée, oui, mais pour faire attention à sa santé et en aucun cas pour faire comme maman qui fait attention à sa ligne !