L'an dernier, une cinquantaine de pompiers se sont suicidés. C'est plus que dans la police et deux fois plus élevé que chez les gendarmes. Si le chiffre n'est pas officiel, plusieurs délégués syndicaux confirment qu'ils reçoivent de plus en plus d'appels de pompiers à bout, éprouvés par les interventions ou devenus les souffre-douleurs de leur caserne.
"La seule issue, c'était le suicide". Il y a quelques mois, Dimitri a essayé de se pendre sur son lieu de travail. "On me rabaissait tant qu'on pouvait, on me disait que j'étais un feignant, que je travaillais mal. Je demandais ce que je devais faire, on ne me répondait pas. On me parlait par personne interposée, comme s'ils ne me voyaient pas. Je ne dormais pratiquement plus les nuits, j'avais presque les larmes aux yeux pour aller travailler. La seule issue que j'avais, c'était le suicide", confie le pompier à Europe 1. Dans sa caserne, il ne reçoit pas d'aide de ses collègues. "Les gens de la caserne voyaient ce qui se passait, personne n'a voulu lever le petit doigt. Ils ont trop peur des sanctions qui risquent de retomber sur eux".
"Beaucoup d'affaires" étouffées. Une loi du silence que dénonce Sébastien Alègre, président de l'association Vétérans du feu, qui soutient les pompiers en difficulté. "On a alerté les grandes instance, nous n'avons jamais eu une retombée. Aujourd'hui, on se bat contre des murs. Personne ne nous soutient dans la mesure où on est dérangeant. La hiérarchie a des objectifs, des statistiques", dénonce-t-il. Pour lui, ces suicides sont "une mauvaise image" pour les autorités. "Il y a eu beaucoup d'affaires d'étouffées", assure Sébastien Alègre.
De son côté le ministère de l'Intérieur répond qu'il prend le sujet au sérieux et que la prise en charge s'améliore. Un réseau de plus de 210 psychologues est dédié aux pompiers dans toute la France.