L'écrivain Régis Debray est l'invité d'Europe 1 ce jeudi 8 décembre (Illustration). 1:25
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L'écrivain et philosophe Régis Debray est l'invité d'Europe 1 ce jeudi. Au micro de Sonia Mabrouk, ce spécialiste du fait religieux analyse le fort retour des religions et des croyances un peu partout dans le monde. Exception faite en Europe où le sacré a reculé au profit de l'économie d'après l'écrivain. 

Invité de la matinale d'Europe 1, l'écrivain et philosophe Régis Debray s'est exprimé sur la place des religions et croyances dans le monde contemporain. Optimiste, le penseur ne croit pas à une mort de la civilisation judéo-chrétienne mais plutôt à une reconsidération de sa place dans le concert des nations : "elle est vouée simplement à ne plus être la première, à ne plus être le centre et à devoir composer avec d'autres. Elle est vouée à une certaine humilité", analyse-t-il au micro d'Europe 1.

Le penseur perçoit ce changement de paradigme comme "une invitation à voyager et à se confronter à d'autres que nous". Il estime que la Chine ou la civilisation musulmane sont plus "dynamiques" que la civilisation judéo-chrétienne occidentale. "On commence à être un peu fatigués", sourit le penseur.

"On a l'illusion qu'on pouvait faire une société avec une calculette" 

Le philosophe constate également "une perte de verticalité, de croyances, de références" dans le monde occidental. Dans le reste du monde, il analyse un retour du religieux qu'il juge "étonnant". "Regardez l'Amérique du Sud, les sectes protestantes y sont incroyablement plus fortes qu'il y a 50 ans", détaille-t-il.

L'écrivain explique le recul du religieux en Occident par la prédominance de l'économie dans nos vies. "On a eu l'illusion qu'on pouvait faire une société avec une calculette, qu'on pouvait faire du connectif avec de la connexion. Non, pour faire une société, il faut quelque chose au-dessus. Il faut quelque chose qui nous dépasse et qui fait converger", analyse-t-il. 

Régis Debray conclut en évoquant un repli des sociétés occidentales : "je crois qu'il y a une sorte de tassement de la société sur elle-même, une perte d'avenir, une perte de transcendance qui fait que c'est le chacun pour soi".