La cave que Marie occupait a été vidée en son absence : "On m'a tout volé"

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Sabine Marin
Marie stockait une partie de ses affaires dans la cave d'une de ses voisines, décédée alors qu'elle était absente. A son retour, tous ses biens avaient disparu, la laissant désemparée et sans recours juridique, raconte-t-elle au micro de "la Libre antenne", sur Europe 1. 
TÉMOIGNAGE

Marie, la soixantaine, a mis sa vie entre parenthèses pendant plusieurs années pour s'occuper de sa maman, atteinte de la maladie d'Alzheimer. Elle s'est temporairement installée chez elle, à Vincennes, laissant ses propres affaires dans son appartement parisien et une cave de son immeuble, que lui prêtait une voisine. Mais cette dame est décédée et la cave a été vidée en l'absence de Marie, qui se trouve sans aucun recours pour récupérer ce qu'elle contenait, raconte-t-elle au micro de la Libre antenne, sur Europe 1. 

"Je suis en état de choc et je pense que ce qui m'est arrivé peut servir à d'autres personnes qui ignorent certaines règles de la vie, peut-être. C'était mon cas. Je vous explique : une dame âgée de l'immeuble où j'ai moi-même un appartement dans lequel j'habite m'a prêté une cave, depuis des années, dans Paris. Mais je vis actuellement en banlieue, à Vincennes, et donc je ne viens qu'une fois par semaine à Paris, chercher mon courrier. Et je vais souvent dans cette fameuse cave parce que j'y ai des réserves.

J'y stocke beaucoup d'électroménager qu'on m'a offert, que je n'utilisais pas parce qu'il fallait que je range ma cuisine, pour mettre les nouveautés. Et je n'ai pas eu le temps de le faire, m'occupant d'une maman qui a Alzheimer. C'est aussi pour ça que je vis ailleurs depuis maintenant presque deux ans. Bref, dans ma cave, il y a beaucoup de choses, parce que j'ai eu des dégâts des eaux chez moi et je comptais faire des travaux, faire nettoyer l'appartement et vivre dans de meilleures conditions plus tard. (…)

" J'avais tout prévu pour me changer les idées et avoir enfin un peu de bonheur. Tout a disparu "

Donc, je descends dans la cave, je me trouve devant la porte de ladite cave et la serrure a été cassée. J'ouvre la porte en prenant soin de pas tenir la serrure, en me disant qu'elle a été cambriolée. Et là, je n'avais plus rien, même plus un papier dans cette cave, qui était pleine à craquer. Avant, il y avait des étagères avec des cartons de chaussures, neuves ou pas, des vêtements propres, rangés, des valises neuves, des couvertures et des couettes neuves. Pour mon retour chez moi, j'avais tout prévu, acheté en promotion ou en solde, pour me changer les idées et avoir enfin un peu de bonheur. Tout a disparu, c'est arrivé hier.

Je suis quelqu'un d'hypersensible et j'ai toujours dominé, dans la vie, toutes les situations difficiles qu'il m'a été donné de vivre. Mais là, il y a un moment où je voulais passer à une nouvelle vie, je dois quitter l'appartement de Maman, qui est placée dans une résidence médicalisée depuis peu. J'en ai des frissons en vous parlant, je suis choquée et je n'ai aucun droit. Au moment où j'allais pouvoir rentrer chez moi et nettoyer, faire des travaux, réparer les dégâts des eaux, etc.…

Le problème, c'est que cette cave ne m'appartenait pas, elle m'était prêtée. Donc officiellement, ce qu'on m'a volé, tout le monde s'en fout. Parce que je suis allé me renseigner dans le bâtiment dans lequel j'habite : on m'a annoncé qu'il y avait pas eu de cambriolage, mais un déménagement d'une dame qui était décédée. Cette dite dame, c'est celle qui avait cette cave, qu'elle m'avait prêtée. Plusieurs personnes savaient que je l'occupais. Mais comme je n'étais pas là, les gens sont venus lundi, ont cassé la serrure et mardi, ils ont tout viré.

Moi, je suis arrivé la fleur au fusil hier. J'ai découvert ça, il était trop tard. Mais comme je suis maligne et que je suis croyante, j'ai demandé de l'aide. Je suis arrivée, en peu de temps, à savoir, par une voisine, que cette dame avait une petite-fille. C'est elle qui a fait vider l'appartement de cette personne décédée. Elle ne la voyait pas depuis 30 ans.

" Ils ont soi-disant tout mis à la déchetterie, on me prend vraiment pour une andouille "

Le lieu appartenait au diocèse de Paris, que j'avais prévenu par courrier que j'occupais la cave de cette dame. Mais je n'ai aucun recours parce que le diocèse a voulu récupérer son appartement et la cave, c'est la petite-fille qui l'a fait vider. Les gens qui sont venus ont soi-disant tout pris, ils ont soi-disant tout mis à la déchetterie. On me prend vraiment pour une andouille.

Je sais très bien que ce n'est pas vrai. Je le sens par intuition et par raisonnement. Je sais très bien qu'ils se sont servis. Les gens qui travaillent et qui font ce genre de débarras c'est souvent des gens qui ne sont pas très bien payés, qui ne sont pas très riches et qui doivent se jeter sur un robot tout neuf, sur un blender tout neuf, sur une machine à café toute neuve, sur des poêles et des casseroles toutes neuves, un grille-pain tout neuf. Je ne suis pas dupe.

Je suis d'abord allée au commissariat de Paris, déposer une main courante, pour raconter ce qui m'est arrivé. J'ai été bien reçue mais on m'a fait comprendre que la cave ne m'appartenant pas, j'avais aucun recours. Je tombe des nues. Alors que j'avais signé un papier à cette dame, j'avais prévenu le diocèse ! Puis je suis allée au commissariat de Vincennes. Je n'ai pas dormi de la nuit. J'explique mon cas, je dis que je viens porter plainte, que j'ai fait une main courante la veille J'ai tout le résultat, je sais qui a fait quoi, j'ai fait mon enquête. J'ai eu les personnes au téléphone, dont la personne qui a fait faire le débarras par quatre gars mardi matin et qui est désolée pour moi. Et on refuse de prendre ma plainte.

Je ne souhaite même pas du malheur à ceux qui m'ont tout volé, il y a quelqu'un qui m'a dit que ça ne leur porterait pas chance et j'ai répondu : 'Je ne leur souhaite même pas ça'. Mais ce n'est pas juste, ce n'est pas bien et j'en avais besoin, de ces affaires. J'étais sur le chemin du renouveau, je m'attendais à tout sauf à ça. Je m'attendais à un nouveau bonheur. Si un policier ou un avocat pouvait m'aider…"