Jugé lundi pour outrage à magistrate, Dieudonné dit être victime d'un "deepfake"

Le procès de l'humoriste controversé Dieudonné pour outrage, injure publique et diffamation à l'encontre d'une magistrate reprend lundi à Versailles.
Le procès de l'humoriste controversé Dieudonné pour outrage, injure publique et diffamation à l'encontre d'une magistrate reprend lundi à Versailles. © Guillaume SOUVANT / AFP
  • Copié
Europe 1 avec AFP
Dans cette vidéo publiée le 8 avril 2020 sur YouTube puis retirée, on entend Dieudonné critiquer une magistrate, qu'il qualifie de "subventionnée" et "très méchante", la surnommant "ma chatte" et faisant mine de cracher. "Ce n'est pas moi sur cette vidéo. Je n'en suis ni l'auteur, ni le diffuseur", assure l'humoriste controversé.

Le procès de l'humoriste controversé Dieudonné pour outrage, injure publique et diffamation à l'encontre d'une magistrate reprend lundi à Versailles, le prévenu contestant être l'auteur de la vidéo incriminée en affirmant être victime d'un trucage numérique, le "deepfake". Lors d'une première audience le 16 novembre, Dieudonné M'bala M'bala, âgé aujourd'hui de 55 ans, avait catégoriquement nié tout lien avec la vidéo pour laquelle il était poursuivi, invoquant cette technique très sophistiquée consistant, entre autres, à superposer un visage sur un autre.

Face à cette défense inattendue, le tribunal avait finalement décidé, à l'issue des débats, d'ordonner de nouvelles investigations sur l'authenticité de la vidéo et de renvoyer le procès au 15 mars. Depuis, des actes d'enquête ont été réalisés, notamment pour comparer le lieu de tournage des sketchs de Dieudonné avec la vidéo mise en cause, a indiqué une source judiciaire.

"Ce n'est pas moi sur cette vidéo"

Dans cette vidéo publiée le 8 avril 2020 sur YouTube puis retirée, est nommément citée une magistrate de Nanterre qui avait, quelques jours plus tôt, condamné une pharmacienne à quatre mois de prison avec sursis, pour vente illégale de masques de protection contre le coronavirus. On y entend Dieudonné critiquer cette magistrate "subventionnée" et "très méchante", la surnommant "ma chatte" et faisant mine de cracher. "Le jour où on arrive à la Libération par exemple, y'en a qui vont être tondues. (…) On ne pourra plus te faire de couettes", ajoute-t-il, en comparant ainsi la magistrate aux femmes accusées d'avoir collaboré avec le régime nazi.

"Ce n'est pas moi sur cette vidéo. Je n'en suis ni l'auteur, ni le diffuseur. Cette vidéo m'a, par certains aspects, amusé, mais je n'ai rien à voir avec cette histoire", avait soutenu Dieudonné lors de l'audience de novembre.
Son avocat David de Stefano avait fait visionner des extraits de documentaires expliquant la technique du "deepfake", montrant de faux Emmanuel Macron ou de faux Barack Obama.

"C'est une première", déclare l'avocate de la magistrate

Le procureur avait balayé l'argument, relevant que le prévenu n'avait pas déposé plainte pour usurpation d'identité et requérant 20.000 euros d'amende. L'avocat de la magistrate, Me Rémi-Pierre Drai, voit dans cette affaire une "première" : "C'est la première fois qu'en droit de la presse un auteur présumé utilise le moyen de défense du 'deepfake' et qui plus est Dieudonné M'bala M'bala dont le casier judiciaire à rallonge démontre qu'il est un praticien de la vidéo polémique", a-t-il déclaré.

Contacté, l'avocat de Dieudonné n'a pas souhaité s'exprimer. Sa dernière condamnation remonte au 18 février, quand il s'est vu infliger une amende de 9.000 euros en appel pour complicité d'injure à caractère antisémite, après la publication d'une vidéo sur la Shoah.