Jeune romantique ou djihadiste convaincu ? Un Français jugé pour avoir rejoint Daech

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Salomé Legrand, édité par , modifié à

Sébastien A. est jugé depuis mercredi matin à Paris pour avoir rejoint les rangs de Daech dans le but de récupérer sa conquête, en 2014. Mais de nombreuses zones d'ombre, notamment sur ses réelles motivations, ne sont pas dissipées dans ce dossier. 

C'est le procès d'un homme dont on ne sait pas s'il est un jeune romantique ou un djihadiste convaincu : le "Roméo du djihad" comparaît en tout cas depuis mercredi matin devant la cour d'assises spéciale de Paris. Après un séjour de trois mois en Syrie, il explique avoir rejoint Daech dans l'unique but d'aller reconquérir sa femme, dont il était éperdument amoureux. Depuis qu'il est aux mains de la justice, cet insondable trentenaire déstabilise les juges.

"Elle était magique"

Arborant une barbichette et une queue de cheval, Sébastien A. termine beaucoup de réponses en sanglots, au point d'épuiser petit à petit le paquet de mouchoirs que lui tend patiemment son avocat. Il raconte dans le box son enfance chaotique et son adolescence noyée dans l'alcool, jusqu'à la rencontre avec Halima B., dans une crêperie.

L'homme se convertit alors à l'islam pour l'épouser. "Elle était magique", dit-il. "On était heureux, même parfois un peu nunuche", jusqu'à ce qu'elle décide de rejoindre un autre homme combattant en Syrie. À l'été 2014, Sébastien quitte tout pour aller la reconquérir et atterrit dans un camp d'entraînement au milieu des bombardements, lorsqu'il apprend qu'elle est finalement rentrée en France.

Jobs en intérim et chants djihadistes

Là s'arrêtent les certitudes dans ce dossier, car la suite a varié à chaque audition ou presque. De multiples zones d'ombre demeurent : comment réussit-il à quitter Daech au bout de trois mois à peine en promettant de faire un attentat en France ? En avait-il réellement l'intention ? N'était-ce qu'un subterfuge ? De retour, le jeune homme reprend les jobs en intérim et va même se faire reposer le bracelet électronique d'une ancienne condamnation, tout en écoutant des chants djihadistes et en s'entraînant au tir airsoft.

Sébastien A. n'est interpellé par la DGSI qu'au bout d'un an et demi. Depuis, il déstabilise tous ses interlocuteurs, psys ou éducateurs chargés de l'évaluer en prison. La marque de la prière bien visible sur le front, il revendique une pratique rigoureuse d'un islam de l'amour et réprouve les attentats.