Journée mondiale sans Facebook : le réseau social de Mark Zuckerberg est-il encore si populaire ?

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Il y a désormais l'embarras du choix pour trouver le réseau social le plus adapté à ses usages. © Manan VATSYAYANA / AFP
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Quinze ans après sa création, Facebook continue de régner en maître sur le monde des réseaux sociaux. Mais les jeunes s’en détournent de plus en plus au profit d’Instagram, de Snapchat... et d'autres. 

Arriveriez-vous à vous passer de Facebook pendant 24 heures ? C’est le défi lancé chaque 28 février depuis 2011 aux internautes, à l’occasion de la journée mondiale sans Facebook. Un challenge pas si facile à relever tant, en 15 ans, le réseau social créé par Mark Zuckerberg a pris beaucoup de place dans nos vies. Mais la donne change : malgré ses 2,3 milliards d’utilisateurs dans le monde (dont 35 millions en France), Facebook attire de moins en moins les jeunes, qui se tournent vers des réseaux sociaux plus simples d’utilisation.

Facebook, un désamour croissant

D’après un sondage publié en janvier par le site d’orientation pour étudiants Diplomeo, "seuls" deux Français de 16 à 25 ans sur trois utilisent régulièrement Facebook, contre neuf sur dix en 2017. Le désamour – toute proportion gardée – est particulièrement criant chez les plus jeunes : un ado de 16 à 18 ans sur deux n’est pas sur Facebook. 17% des jeunes inscrits auraient même supprimé leur compte en 2018 (contre 3% à 12% pour les autres réseaux sociaux).

Embarras du choix et controverses. Pour expliquer le désintérêt croissant des jeunes pour Facebook, il faut d’abord prendre en compte le facteur générationnel. Depuis la création du réseau social en 2004, une génération entière est passée. Alors que les enfants des années 1980 et 1990 ont grandi avec un Internet dominé par l’hégémonie de l’appli bleu au "f" blanc, les ados d’aujourd’hui n’ont que l’embarras du choix en termes de réseaux sociaux : Twitter, Snapchat, Instagram (propriété de Facebook), Pinterest…

Par ailleurs, l’image de Facebook est écornée par les scandales à répétition, notamment sur la gestion des données personnelles. "Il y en a eu une trentaine rien qu’en 2018", soulève Thomas Fauré, fondateur de Whaller, un réseau social français "à la carte", invité d’Europe 1 jeudi. "Facebook ne respecte pas les libertés individuelles ni les données de ses utilisateurs. On nous le vend comme un réseau pour tisser des liens mais en réalité la plateforme est faite pour vous vendre de la publicité", estime-t-il.

Instagram et Snapchat, ou l’avènement de la photo

Les jeunes Français se détournent donc de Facebook, mais pour aller où ? D’après le sondage de Diplomeo, les deux rois des réseaux sociaux s’appellent désormais Instagram et Snapchat. Le premier fait le bonheur des photographes amateurs tandis que le second séduit les ados avec ses photos et vidéos éphémères. Les deux applications sont utilisées régulièrement par 73% des 16-25 ans. Si Snapchat l’emporte chez les 16-18 ans (86% contre 83%), Instagram sort vainqueur chez les 19-21 ans (77% contre 76%) et les 22-25 ans (62% contre 59%).

Instagram fuse, Snapchat stagne. Instagram et Snapchat sont donc au coude-à-coude mais ne bénéficient pas de la même dynamique. Bien plus globalisé, Instagram a dépassé en juillet 2018 le milliard d’utilisateurs dans le monde, avec une croissance soutenue du nombre d’inscrits depuis trois ans. Même constat en France, où Instagram rassemble 17 millions de personnes, en progression de 21% sur un an. À l’inverse, Snapchat est à la peine avec 186 millions d’utilisateurs quotidiens fin 2018, en légère régression sur un an.

Derrière ce trio de tête, les autres réseaux sociaux se partagent les miettes. Avec ses messages sans filtre en 280 caractères qui en font un forum de discussion aussi unique que dangereux, Twitter continue de séduire 10 millions de Français, dont un tiers des 16-25 ans en France. Mais l’oiseau bleu souffre puisqu’ils étaient un sur deux en 2017. Twitter est d’ailleurs le deuxième réseau social le plus supprimé par les jeunes (12% se sont passés de l’application en 2018). Derrière Twitter, suivent LinkedIn (9,7 millions d’utilisateurs avec un succès plus marqué à partir de 22 ans) et Pinterest (7,9 millions d’inscrits).

Tik Tok, le nouveau venu va-t-il durer ?

Derrière ces réseaux sociaux "traditionnels", tous en place depuis au moins huit ans, il n’est pas évident pour des nouveaux venus de se faire une place dans les smartphones déjà bien encombrés des jeunes. Mais de temps en temps, une application y parvient. La dernière en date, c’est TikTok, nouveau chouchou des 13-18 ans (mais pas que). Le principe est simple : on se filme pendant 15 secondes avec une musique en dansant, en faisant du play-back ou en tentant des effets humoristiques. Puis on partage le tout avec ses amis.

Un succès fulgurant… mais éphémère ? Lancée fin 2016, TikTok compterait déjà plus de 9 millions d’adeptes en France et 500 millions dans le monde. Et ce malgré les critiques qui reprochent au développeur chinois ByteDance de ne pas suffisamment protéger les mineurs des prédateurs qui se cachent sur le réseau social. Quoi qu’il en soit, le succès fulgurant de TikTok fait des envieux, à commencer par… Facebook, encore et toujours. Le réseau social californien a lancé fin 2018 Lasso, une copie conforme de TikTok, mais sans connaître le même succès pour le moment.

Reste à savoir si ce nouveau venu parviendra à s’inscrire dans la durée, véritable défi des réseaux sociaux. Par le passé, ils sont plusieurs à avoir connu un essor remarquable avant de redescendre sur Terre : Google+, Tumblr, Friendster… Dernier exemple en date : Vero, application fondée en 2015 et qui a connu un succès éclair début 2017. Se distinguant de ses concurrents par un modèle d’abonnement payant, Vero est retombé dans l’anonymat aussi vite qu’il en était sorti.