Journée mondiale des réfugiés : une marche de soutien à Calais

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Les migrants et les membres des associations qui leur viennent en aide ont défilé samedi 20 juin 2015 à Calais. © AFP
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Lionel Gougelot, Kevin Thuillier et C.P.-R. , modifié à
A l’occasion de la journée mondiale des réfugiés, une "marche pour la dignité" a été organisée samedi midi par les associations qui viennent en aide aux migrants, à Calais. Des clandestins qui doivent parfois faire face à des violences physiques. 

Depuis plusieurs semaines, les migrants sont regroupés dans un vaste camp, près d'un centre d'accueil et à quelques encablures du port, où nombreux sont ceux qui tentent de monter à bord de poids-lourds à destination de la Grande-Bretagne. Les associations sont débordées, d’autant que le nombre de clandestins ne cesse d’augmenter. Afin d’attirer l'attention sur cette situation, elles ont décidé d'organiser un rassemblement en cette journée mondiale des réfugiés. Europe 1 s’est rendu sur place.

3.000 migrants. "Faut que ça bouge, mais bon... on a du mal. On assume tout, alors que c'est pas à nous d'assumer. C'est à l'Etat et c'est à l'Etat de bouger", explique la membre d'une association avant d'ajouter : "Oui, il faut se mobiliser, il faut bouger et faire voir qu'on est là." Dans la nouvelle jungle de Calais, près de 3.000 migrants survivent comme ils peuvent dans des cabanes faites de planches et de bâches plastiques. Des Africains du Soudan ou Érythrée, des Afghans, des Syriens, des Irakiens…  dont les journées sont maintenant rythmées par les distributions de nourriture au centre d’accueil voisin. Là, les réfugiés font la queue pour recharger leur téléphone portable. Le reste du temps, il faut chercher de l’eau aux quelques robinets disponibles, du bois pour se chauffer ou consolider les abris. Bientôt, il y aura des distributions de tentes, l’éclairage ou de nouveaux points d’eau seront installés. 

"Parti d’Afghanistan pour la France". Mais tout cela reste dérisoire pour ces milliers de migrants qui ont de plus en plus de mal à passer en Grande-Bretagne ou pour ceux, comme Bilal, jeune Afghan, qui veulent rester en France et errent de camp en camp depuis plusieurs années. "J’adore le français, parce que j’ai appris le français. Je suis parti d’Afghanistan pour la France. Je suis arrivé en 2006, aujourd’hui on est en 2015 et je n’ai toujours pas de papier », explique Bilal. "Je suis venu pour vivre en France", explique le jeune homme qui souhaite y refaire sa vie. Le jeune Afghan participe à la marche des associations en soutien aux migrants.

Les migrants pris pour cible. Ces derniers jours, plusieurs agressions à leur encontre ont été signalées dans la ville. "Il y aurait des personnes dans quatre voitures différentes qui agresseraient des migrants, quelques fois même en plein jour. Lundi, ils ont agressé trois migrants. Le premier, ils se sont arrêtés à sa hauteur, ils l'ont tapé à la tête. Le gars est au CHR à Lille, avec de très gros problèmes. Ensuite, ils ont jeté leur barre de fer sur un deuxième qui a une grosse blessure et ils ont renversé le troisième avec leur voiture", raconte Christian Salomé, président de l’association L'auberge des migrants.

"Ce sont des gens qui sont venus pour être violents, qui ont préparé et changer les plaques de leurs voitures. [...] Ce sont des gens qui ont trouvé là un objet à leur violence et se laissent un peu emporter par des discours de haine, malheureusement, et qui croient que tout leur est permis. C'est très inquiétant, car on est passé d'une violence verbale à une violence physique", estime-t-il.

Le défilé de soutien aux migrants a été tenu à distance d’un autre rassemblement par la police, celui d’un collectif d’extrême-droite, qui dénonce, lui, la présence des migrants dans la région.