Journée mondiale contre l'homophobie : "Il y a un ancrage de l'homophobie dans la société française malgré l'évolution des mentalités"

Joël Deumier, SOS Homophobie crédit : Europe 1 - 1280 2:00
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Marthe Ronteix
L'augmentation du nombre de signalements d'actes homophobes en 2018 montre son "ancrage dans la société française", selon Joël Deumier, co-président de l'association SOS Homophobie, après l'établissement d'un nouveau record.
INTERVIEW

À l'occasion de la journée mondiale de lutte contre l'homophobie, ce vendredi, Pierre de Vilno a reçu Joël Deumier, co-président de l'association SOS Homophobie, qui a regretté l'augmentation du nombre d'actes homophobes en 2018.

Avec 231 agressions physiques recensées, "2018 a été une année noire pour les personnes LGBT", peut-on lire dans le rapport dévoilé mardi, battant ainsi le record de 2018 (188 cas). Joël Deumier explique cette augmentation d'abord par une libération de la parole des victimes. "La société est de plus en plus ouverte et donc les victimes parlent plus."

Une homophobie "ancrée dans la société"

Selon lui, "ces chiffres montrent également un ancrage de l'homophobie dans la société française, malgré l'évolution des mentalités et des droits - avec le mariage pour tous [en 2013]." D'ailleurs, Joël Deumier rappelle que "l'homophobie est présente sur l'ensemble du territoire français, dans tous les milieux sociaux et tous les domaines d'activités." C'est pourquoi il compte demander de nouvelles mesures au ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, lors de leur rencontre, vendredi midi.

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Il rappelle que "le gouvernement s'était engagé, par des mesures d'urgence, en novembre dernier, à agir contre les violences homophobes. Hélas, les gendarmes et les policiers ne sont toujours pas formés au LGBTphobies, ni pour accueillir les victimes. Sur 28 plaintes, il y a eu seulement une condamnation en justice. L'État de droit doit être valable pour tout le monde", rappelle-t-il.

Joël Deumier appelle également à une meilleure modération des commentaires homophobes sur les réseaux sociaux. "En Allemagne, on parvient à faire supprimer sous 48h les tweets à caractère nazi ou antisémite donc pourquoi on ne pourrait pas le faire en France pour les messages homophobes ?" Selon SOS Homophobie, 23% des témoignages signalés proviennent d'Internet.

Pour une meilleure sensibilisation

En parallèle de la formation des forces de l'ordre, SOS Homophobie promeut une meilleure sensibilisation dès le plus jeune âge. "Si on a un discours adapté à chaque âge, on peut tout dire", estime-t-il. "Il faut dire aux enfants, aux ados, qu'il y a une diversité des couples en France. Il faut montrer qu'il n'y a pas qu'un seul modèle de famille."

En janvier dernier, le ministère de l’Éducation a lancé une nouvelle campagne de lutte contre l’homophobie dans les collèges et lycées baptisé "Ça suffit !" Une campagne d'affichage dans les collèges et lycées, ainsi qu’un renforcement de la formation des enseignants, font partie des mesures dévoilées.