Joggeuse tuée près de Toulouse : Laurent Dejean condamné à 20 ans de réclusion

La cour a jugé le prévenu coupable alors que l'avocat général avait requis jeudi l'acquittement faute de preuves.
La cour a jugé le prévenu coupable alors que l'avocat général avait requis jeudi l'acquittement faute de preuves. © PASCAL PAVANI / AFP
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avec AFP , modifié à
En février 2011, Patricia Bouchon avait disparu en Haute-Garonne, alors qu'elle était en train de faire son jogging vers 4h30 du matin. La cour a jugé Laurent Dejean coupable alors que l'avocat général avait requis l'acquittement faute de preuves. 

Laurent Dejean, un homme de 39 ans, a été condamné vendredi à 20 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Haute-Garonne pour le meurtre d'une joggeuse le jour de la saint-Valentin en 2011.

La cour l'a jugé coupable alors que l'avocat général avait requis jeudi l'acquittement faute de preuves. La cour a reconnu au condamné des circonstances atténuantes pour troubles psychiques.

"Condamné sans preuve", selon la défense. Sa défense a annoncé qu'elle allait immédiatement faire appel. "Nous ne pouvons pas accepter qu'en 2019 on soit condamné sans preuve", l'accusé était "sous "'cachetons', il était difficile pour lui de s'exprimer calmement", a affirmé un des avocats, Pierre Dubuisson.

La famille a laissé éclater son soulagement à l'annonce du verdict : "Je sais que c'était difficile pour les jurés (...) mais il a tué Patricia", a réagi le veuf de la victime, Christian Bouchon. "Ma mère n'est pas morte pour rien, on ne peut que se réjouir, il y avait une grosse crainte d'un acquittement", a lancé leur fille, Carlyne Bouchon.

L'avocat général avait dénoncé un "dossier vide". La veille, au terme de 11 jours de procès, l'avocat général David Sénat avait requis l'acquittement de Laurent Dejean, un aide-plaquiste qui a toujours plaidé son innocence. "Il est possible que Laurent Dejean soit coupable mais les preuves font défaut", avait déclaré le magistrat. "L'intime conviction n'est pas une intime émotion", avait-il aussi lancé, démontant un "dossier vide" et soulignant la "fragilité" du témoignage qui avait conduit à l'interpellation de Laurent Dejean.

Fin 2017, le même avocat général avait estimé qu'il n'y avait pas dans le dossier de plus de 40.000 pièces, les éléments nécessaires pour un renvoi devant les assises. La chambre de l'instruction avait finalement tranché en faveur du renvoi devant un jury populaire, qui s'est prononcé après plus de cinq heures de délibéré.

Un portrait robot du suspect réalisé à partir d'un témoignage. Le 14 février 2011 à Bouloc, près de Toulouse, Patricia Bouchon n'était pas revenue de son jogging matinal. Son corps n'avait été retrouvé qu'un mois et demi plus tard, dissimulé dans une conduite d'eau, le crâne enfoncé. Cinq jours après la disparition, un témoin s'était présenté aux enquêteurs. Il avait déclaré que quelques secondes après avoir croisé une joggeuse, il avait failli emboutir une Clio stationnée à contre sens, tous feux éteints, dans laquelle se trouvait un homme barbu. A partir de ce témoignage, un portrait robot du suspect a été réalisé et plusieurs personnes ont affirmé reconnaître Laurent Dejean, dont son ex-compagne.

Relevant l'absence d'éléments probants, les avocats Pierre et Guy Dubuisson ont pour leur part dénoncé dans leur plaidoirie la fabrication "d'un coupable idéal" par les enquêteurs. De leur côté, les deux avocats de la partie civile, Lena Baro et Stéphane Julliard avaient mis en avant des "éléments convergents" rassemblés par les enquêteurs. Me Baro ainsi rappelé, l'étrange déclaration de Laurent Dejean aux gendarmes, affirmant avoir aperçu une tâche de sang depuis la route en se rendant à son travail alors même que "la scène de crime n'avait pas été découverte". Autre déclaration troublante, l'accusé avait affirmé qu'il manquait "deux galets" sur la scène de crime, et que ces galets "pouvaient être l'arme du crime".