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Marion Dubreuil et Jean-Luc Boujon, édité par Margaux Lannuzel
L'accusé du meurtre du caporal Arthur Noyer s'est montré calme et poli au premier jour de son procès d'assises, lundi, se décrivant comme un "vagabond" au moment des faits. A la barre, sa mère a quant à elle décrit un fils serviable, tout juste un peu renfermé. 

C'est la première fois que Nordahl Lelandais se présente devant une cour d'assises. Renvoyé devant la justice pour l'enlèvement et le meurtre de la petite Maëlys, en 2017 à Pont-de-Beauvoisin, l'ancien militaire est jugé dans une autre affaire, depuis lundi matin : celle du meurtre du caporal Arthur Noyer, qu'il avait rencontré dans une boîte de nuit de Chambéry, la même année. Des faits reconnus par l'accusé, qui persiste toutefois à nier avoir voulu tuer le jeune homme de 23 ans. 

"Nerveux ? Oui, quand je conduis"

"Je n'ai jamais voulu donner la mort", martèle ainsi Nordahl Lelandais, sous les yeux attentifs des parents d'Arthur Noyer, en quête d'explications. Le président les a pourtant mis en garde à l'ouverture de l'audience : les assises peuvent être violentes et ils n'auront peut être pas les réponses qu'ils attendent.

Sur la forme, l'accusé renvoie pour l'instant une image aux antipodes de la violence et de l'acharnement dont il a fait preuve à l'égard du caporal. "Votre ex-compagne vous décrit comme quelqu'un de nerveux qui aime plaire, ça vous correspond ?", lui demande le président dans le cadre de l'examen de personnalité. "Nerveux, oui, quand je conduis. Et puis, c'est vrai que j'aime m'apprêter". Comme à l'audience, avec une chemise bleu ciel bien repassée, les cheveux coupés courts. 

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Nordahl Lelandais reste calme et poli, même quand le magistrat s'attarde sur la litanie de ses échecs scolaires et professionnels, l'abandon de son BTS sport, son contrat dans l'armée écourté, son entreprise d'élevage de chiens avortée et les arrêts maladie à répétition. L'avocat de la famille tente de le déstabiliser, en lui rappelant que certains le qualifient de "tire-au-flanc". Mais l'accusé ne sort pas de ses gonds, sourit et nuance : "Je ne suis pas un grand fan de travail." Un Tanguy qui vivait encore chez ses parents jusqu'à l'année des meurtres, à l'âge de 34 ans. "Je ne savais pas où j'allais", confie-t-il. "Mes amis construisaient leur vie et moi, j'étais un vagabond."

"Il sortait à Chambéry, allait voir ses copains"

L'après-midi, c'est la mère de Nordahl Lelandais, retraitée de 72 ans, qui vient confirmer la présentation lisse, voire flatteuse de son fils. Elle décrit un enfant doux, gentil, puis un homme "bien", un bon fils serviable. Certes, elle concède qu'il était un peu renfermé et parlait peu au domicile familial. "Mais je le laissais tranquille. Il sortait à Chambéry, allait voir ses copains, il avait sa vie. Je ne l'embêtais pas."

Ce qui frappe, c'est la façon dont elle passe presque complètement sous silence les faits, évacués en quelques mots. "Ce qui s'est passé, je ne l'ai pas vu venir", dit-elle. Comme une ellipse dans ses propos, elle passe directement au récit du séjour de son fils en hôpital psychiatrique où, abruti par les médicaments - après son arrestation - elle avait l'impression de voir un zombie. "Mais depuis quelques temps, j'ai retrouvé mon fils. Il est bien, aujourd'hui, Nordahl."

Des mots qui résonnent étrangement dans la salle d'audience, juste devant la famille d'Arthur Noyer et le portrait de la victime. Ce que lui fait remarquer l'avocat des parties civiles : "Savez-vous, Madame, que les époux Noyer, eux, ne retrouveront jamais leur fils ?" Silence de Christiane Lelandais. "Pouvez-vous maintenant demander à votre fils de dire la vérité ?", demande l'avocat. La maman s'exécute. Et Nordahl Lelandais de répéter ce qu'il dit depuis le début : "Oui, j'ai bien tué Arthur Noyer, mais c'était involontaire."