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Benjamin Peter, édité par Margaux Baralon , modifié à
À Salles d'Aude, dans l'Aude, la jeune Marine se bat pour obtenir la garde de son fils, que la justice a décidé de confier à son père japonais. À cause de la législation japonaise, elle pourrait ne plus revoir Louis, 4 ans, avant sa majorité.

L'affaire est des plus complexes. D'autant plus qu'elle se passe entre le Japon et la France. Dans l'Aude, une décision de la justice française vient d'obliger Marine, jeune mère de Louis, 4 ans, à laisser la garde de son fils à son ex-mari japonais. À partir du 26 décembre prochain à 11 heures, ce père peut se présenter pour récupérer son fils. Et Marine n'aura alors aucune garantie de le revoir un jour avant sa majorité, fixée à 20 ans au Japon. Elle n'a même pas la certitude d'obtenir un visa pour aller le voir, ni que son ex-époux l'y autorisera.

Plus de recours juridiques en France

Pour comprendre, il faut revenir deux ans plus tôt. En 2017, Marine, qui habitait au Japon, revient en France pour les vacances avec Louis, alors âgé de 2 ans. Elle explique alors à sa famille être victime de violences conjugales et vouloir rester en France avec son fils, puis demande le divorce. Mais son mari japonais, de son côté, saisit la justice pour enlèvement d'enfant, en s'appuyant sur la Convention de La Haye. Celle-ci lui donne raison. Et comme la loi japonaise ne prévoit pas de garde partagée pour les enfants de divorcés, et favorise toujours le parent japonais en cas de couple binational, l'époux a donc le droit de venir récupérer Louis.

Marine, qui a saisi la justice française pour faire annuler cette décision, perd une première fois son procès, puis deux fois en appel. La Cour de Cassation casse d'abord tous les jugements précédents. Puis, le 29 novembre, sa dernière décision, contraire aux réquisitions du procureur, valide définitivement le retour de Louis au Japon.

"Il ne veut pas, ne comprend pas, il est en colère"

Désormais, Marine ne sait comment expliquer à son petit garçon qu'il ne vont probablement pas se revoir pendant (très) longtemps. "Il ne veut pas, il ne comprend pas, il est en colère", glisse-t-elle à Europe 1. "Je lui ai dit que je reviendrai, que je ferai tout pour essayer de le revoir et de le ramener en France. Je vais essayer de faire le plus beau Noël pour lui, ce sera sûrement le dernier. Il faudra faire semblant que tout va bien, pour lui. J'irai mal après."

La famille a épuisé tous les recours. Même si elle compte bien se tourner vers la Cour européenne des Droits de l'homme, celle-ci ne peut, dans le meilleur des cas, que condamner la France pour sa mauvaise décision. Pas faire revenir Louis. Viviane, la grand-mère du garçonnet, ne comprend pas que les magistrats ne mesurent pas le traumatisme de la séparation à venir. "C'est très dur, il pleure la nuit, se cache sous son lit quand quelqu'un sonne à la maison. C'est cruel", lâche-t-elle. "Je ne comprends pas que des juges puissent dire que ça n'impacte pas un enfant. C'est inhumain pour lui. Je ne comprends pas que ce soit possible."

À Salles d'Aude, où vit Marine, un élan de solidarité s'est créé. Des parents d'élèves de l'école ont monté un comité de soutien et lancent un appel au parquet de Montpellier, au président de la République... Bref, à quiconque pourrait éviter que Louis ne reparte au Japon.