Un châtelain en détention provisoire pour une fraude fiscale de plusieurs millions d’euros

Le château de Loncheray
Les policiers de l’Office anticorruption ont débarqué au château de Loncheray, dans le nord du Maine-et-Loire.
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Pierre de Cossette , modifié à
C'est un fait rarissime pour ce type de délit : un châtelain de l'Anjou suspecté de fraude fiscale a été placé en détention provisoire mercredi soir, après sa mise en examen. 
INFO EUROPE 1

"Un délinquant au profil d'escroc qui se moque des différents avertissements judiciaires" : ainsi était décrit Olivier R., 60 ans, par la Cour d’appel de Caen en 2013. Cet ancien expert-comptable, radié de l’Ordre, affichait alors quatre condamnations pour escroquerie, fraude fiscale et exercice illégal de la profession d'expert-comptable. Mercredi soir, selon les informations recueillies par Europe 1, le sexagénaire a été mis en examen par un juge financier parisien. Il a de surcroît été placé en détention provisoire, ce qui est très rare pour ce type de délit.

Un château en Anjou. Mardi matin, à l’aube, les policiers de l’Office anticorruption (Oclciff) ont débarqué au château de Loncheray, dans le nord du Maine-et-Loire, où réside le suspect, qui a été placé en garde à vue. Les enquêteurs et la juge d’instruction en charge du dossier depuis 2015 le soupçonnent de s’être soustrait à l’impôt pendant plusieurs années. Gérant d’un groupe d’une centaine de sociétés – spécialisées dans l’investissement immobilier – qu’il a cédé à deux de ses fils, Olivier R. est soupçonné d’avoir, dans un schéma complexe, fait en sorte de dissimuler les revenus de ses sociétés à l’administration fiscale, qui avait fait part de ses soupçons à la justice. Il se serait ainsi soustrait à plusieurs millions d’euros d’impôts. Ces deux fils ont été entendus par les policiers de l’Oclciff, avant d’être remis en liberté.

Un patrimoine qui intrigue. Mis en examen mercredi soir pour fraude fiscale aggravée et blanchiment, le suspect a un profil qui détonne : père d’une famille très nombreuse, et dont le château a pu accueillir il y a quelques années l’université d’été du "Renouveau français", mouvement identitaire qui se définit comme "nationaliste français et contre-révolutionnaire". Pour l’anecdote, il avait baptisé l’une de ses sociétés immobilières "SCI Charles Martel".

Selon Le Courrier de l’Ouest, plusieurs dizaines de milliers d’euros ont été saisis lors des perquisitions, et les enquêteurs de la Direction centrale de la police judiciaire ont aussi récupéré du matériel informatique. Les services des Domaines auraient, toujours selon nos confrères, également été appelés pour évaluer le château et son terrain de 50 hectares, dans l’hypothèse d’une saisie par la justice. Juges et enquêteurs s’interrogent sur le patrimoine du châtelain, et la valeur du groupe dont il avait anciennement la charge, qui pourrait atteindre plusieurs centaines de millions d’euros.