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Jean-Luc Boujon avec AFP / Crédit photo : BERTRAND GUAY / AFP
Une minute de silence a été observée mercredi dans tous les hôpitaux de France en mémoire à l'infirmière Carène Mezino, tuée au CHU de Reims par un homme souffrant de troubles psychiatriques. L'homme suspecté a affirmé "en vouloir au personnel hospitalier" et "aux blouses blanches", a indiqué mercredi le procureur de Reims, Matthieu Bourrette, lors d'une conférence de presse.

Une minute de silence a été observée mercredi dans tous les hôpitaux de France en mémoire à l'infirmière Carène Mezino, tuée au CHU de Reims par un homme souffrant de troubles psychiatriques. "Aujourd'hui, toute la communauté des soignants est en deuil, et tout notre pays a le cœur serré", a déclaré la Première ministre Elisabeth Borne, présente à l'hôpital européen Georges-Pompidou, à Paris, avec le ministre de la Santé, François Braun. Elle a salué "l'énergie et la douceur, l'empathie et le professionnalisme" de Carène Mezino, tuée à l'âge de 37 ans.

La secrétaire médicale aussi agressée "va mieux"

Visages peinés, têtes baissées, une centaine de personnes se sont recueillies dans la cour de l'hôpital de Reims, où elle travaillait, face à un banc où des collègues et des patients ont déposé quelques fleurs blanches. Une secrétaire médicale de 56 ans, elle aussi agressée, est pour sa part "sortie du bloc opératoire", a indiqué mercredi François Braun, au micro de BFMTV. Elle "va mieux" et est "en surveillance".

Les deux femmes ont été attaquées au couteau lundi en début d'après-midi dans les vestiaires du service de l'unité de "médecine et santé au travail". Carène Mezino est décédée dans la nuit de lundi à mardi.

"On est tous concernés"

À l'hôpital psychiatrique Le Vinatier à Lyon, une cinquantaine de soignants en blouses blanches ainsi que des patients se sont réunis. "On est tous concernés. Je trouve ça vraiment triste parce qu'elle a une vie de famille. C'est choquant. Je ne la connais pas, mais je me dis que ça pourrait être moi, ça pourrait être une de mes collègues de service", témoigne Florence, infirmière.

Ce qui domine chez les soignants est l'état de choc et de sidération. Comment a-t-on pu en arriver là, à l'hôpital public, questionne Frédérique Delchiron, préparatrice en radiologie et syndiquée à la CGT. 

"C'était quelqu'un qui adorait son métier. Elle est partie le matin la fleur au fusil et elle ressort les pieds devant ! Il y a un gros état de choc. Quand j'ai appris qu'elle était décédée, franchement, c'est les larmes aux yeux. On savait que ça allait arriver. Je l'ai dénoncé à l'ARS il y a deux-trois semaines. On ferme des unités psychiatriques, la psychiatrie est abandonnée aujourd'hui en France ! On l'a dit : qu'attendez vous ? Il va y avoir un accident. Alors ce n'est pas Lyon, c'est à Reims mais c'est dramatique", lance-t-elle au micro d'Europe 1.

L'agresseur présumé fait l'objet depuis plusieurs années d'une mesure de curatelle renforcée

Lors de sa conférence de presse, le procureur de la République de Reims, Matthieu Bourrette, a déclaré que le suspect a affirmé "en vouloir au personnel hospitalier" et "aux blouses blanches". Le mis en cause a déclaré au moment de son interpellation avoir donné "plusieurs coups de couteau" aux victimes en raison de leur qualité, affirmant en "vouloir à la psychiatrie", qu'il a qualifiée de "criminelle", a précisé le procureur lors d'une conférence de presse. Le procureur a sollicité la mise en examen du suspect, un homme de 59 ans aux antécédents psychiatriques lourds, pour "assassinat" et "tentative d'assassinat".

Rapidement interpellé et placé en garde à vue, il "fait l'objet depuis plusieurs années d'une mesure de curatelle renforcée" et aurait "agi sans mobile apparent", avait indiqué Matthieu Bourrette lundi. Selon une source policière, il était muni d'un couteau de cuisine d'environ 20 cm et aurait déclaré lors de son interpellation en vouloir au personnel hospitalier.

Déjà mis en examen pour des "violences aggravées"

Cet homme avait déjà été mis en examen à Châlons-en-Champagne pour des "violences aggravées" dans une précédente affaire, selon le procureur. Une source proche du dossier a précisé qu'il s'agissait là aussi d'une agression au couteau. La chambre de l'instruction devait prochainement statuer dans ce dossier sur une "éventuelle irresponsabilité pénale" en raison "de l'abolition de son discernement", a souligné mardi soir Matthieu Bourrette.

Le meurtre de cette infirmière "repose immédiatement la question de la situation catastrophique de la prise en charge des malades mentaux dans nos établissements psychiatriques", avait réagi mardi Force ouvrière Santé.

Hausse des violences dans les établissements hospitaliers

Le personnel des établissements de soins dénonce une hausse des violences verbales ou physiques de la part des patients et de leurs accompagnants, et beaucoup d'établissements ont dû renforcer leurs mesures de sécurité et embaucher des vigiles. François Braun doit réunir jeudi les organisations syndicales sur le sujet de la sécurité dans le secteur de la santé. 

Sur BFMTV, il a jugé nécessaire de "prendre des mesures pratiques et concrètes qui se voient sur le terrain : plus de lumière sur le parking où l'infirmière va le soir à 22h, ne pas attendre deux mois pour changer le digicode de la porte du bureau, du vestiaire". Il conseille aussi aux soignants de toujours "porter plainte" en cas de violence. "L'institution soutient, soutiendra", promet-il. Un rapport sur la sécurité des professionnels de santé doit être remis le 1er juin au gouvernement", a indiqué mardi soir sur France Info la ministre déléguée, Agnès Firmin Le Bodo.

Le président Emmanuel Macron a rendu mardi hommage à l'infirmière sur Twitter, associant ce drame à la mort de trois policiers du Nord dimanche dans une collision et à celle d'un agent de la Direction interdépartementale des routes Atlantique (Dira) fauché par une voiture lundi en Charente-Maritime.