"Il y a une urgence à agir" : les océans, des régulateurs climatiques indispensables et menacés

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Mathilde Durand
Entre le réchauffement, l'acidification ou la montée du niveau des eaux, les océans sont gravement menacés. Et cette situation a des conséquences. "Les phénomènes climatiques majeurs que nous rencontrons aujourd'hui sont en grande partie liés aux déséquilibres dans les océans", alerte Sandrine Roux de Bézieux, présidente de la Fondation de la mer, jeudi sur Europe 1. 
INTERVIEW

"Il y a une urgence à agir". Les océans recouvrent environ 70% de notre "planète bleue" et ont un rôle majeur dans l'équilibre de notre écosystème. Pourtant, ils sont en mauvaise santé : le niveau des eaux monte, ces dernières augmentent en température et en acidité. A l'occasion du Jour de la Terre, Sabine Roux de Bézieux, présidente de la Fondation de la mer, alerte  sur Europe 1 sur l'urgence de la situation et l'importance de protéger les océans des maux qui les rongent. 

Un rôle fondamental menacé

"Le climat est régulé essentiellement par l'océan, qui produit de l'oxygène, qui absorbe le CO2 et qui absorbe également 90% de l'excès de chaleur produite par l'activité humaine", rappelle-t-elle. "Les phénomènes climatiques majeurs que nous rencontrons aujourd'hui sont en grande partie liés aux déséquilibres dans les océans." Les effets sont déjà là : 2020 a été l'une des trois années les plus chaudes jamais enregistrées. Et sous la surface, la situation est alarmante. L'acidification et le réchauffement des eaux perturbent les conditions de vie de la flore et la faune marines.

Une situation qui n'est pas nouvelle, selon Sandrine Roux de Bézieux. "C'est la conséquence de ce que disent les scientifiques depuis des dizaines d'années", assure-t-elle. "Le Sommet de la Terre à Rio, en 1992, disait déjà cela. Aujourd'hui, on en voit les conséquences dramatiques pour certaines populations. On le voit aussi sur les côtes françaises."

"L'Océan souffre de trois maux : les émissions de carbone, le mauvais état de la biodiversité marine et la pollution et les déchets qui sont reversés en mer", énumère Sandrine Roux de Bézieux. Des problématiques que la Fondation de la mer tente de régler, via des opérations spécifiques, à l'instar du programme "Un geste pour la mer". "Nous avons organisé depuis un an, avec une centaine d'associations présentes partout dans toutes les régions de France, à peu près 600 collectes de déchets et collecté 60 tonnes de déchets partout sur le territoire français", souligne-t-elle.

Engagement des gouvernements, mais aussi des citoyens

La présidente de la Fondation de la mer se félicite du retour à la raison des Etats-Unis sur le sujet, avec le Sommet pour le climat organisé jeudi par Joe Biden. "Ils sont les premiers à produire du CO2 en tonnes par habitant : ils produisent plus de 100 kilos de déchets par an et par habitant", contre 60 kilogrammes par an et par habitant pour la France, explique-t-elle. Elle salue également la présence des dirigeants chinois, acteur majeur dans la production de CO2. "La Chine, en milliards de tonnes de CO2, a largement dépassé les Etats-Unis. Ils sont tellement nombreux qu'évidemment ils sont les premiers producteurs de CO2 sur la planète. Et leur présence est importante", explique-t-elle. "Il faudrait aussi ne pas oublier l'Inde, qui est le troisième émetteur de CO2 au monde, qui doit faire partie des discussions."

Si elle appelle les gouvernement à se saisir de la situation, les citoyens peuvent également agir à leur niveau, en fonctionnant avec les trois "R" : Réduction, réemploi et recyclage. "Réduisons nos déchets, réduisons nos trajets polluants, réduisons la température de nos douches ou de nos appartements, réduisons notre gaspillage", liste la présidente de la Fondation de la mer. "Utilisons de la de la seconde main., louons les matériels au lieu de les acheter et recyclons."