Céline Piques, la porte-parole d'Osez le féminisme incite les spectateurs à boycotter le nouveau film de Roman Polanski 2:35
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Thomas Vichard , modifié à
La porte-parole d’Osez le féminisme, Céline Piques, était l’invitée de Matthieu Belliard, mercredi. Elle revient sur les nouvelles accusations de viol émises à l’encontre de Roman Polanski et dénonce l’impunité des violeurs et agresseurs dès lors qu’ils ont du pouvoir.
INTERVIEW

Alors que sort ce mercredi en salles le nouveau film de Roman Polanski, "J’accuse", une nouvelle polémique enfle suite aux accusations de viol émises par Valentine Monnier à l’encontre du réalisateur de 86 ans. Le franco-polonais réfute ces accusations et travaille à une riposte judiciaire. Pour la porte-parole d’Osez le féminisme, Céline Piques, Roman Polanski inverse les rôles des victimes et des bourreaux.

"On dit toujours qu’il ne faut pas mêler l’homme et l’artiste pour parler de Roman Polanski. Or, lui-même le fait, en attaquant le mouvement metoo dans le dossier de presse de son film. Il se sert de son cas personnel pour traiter les femmes d’affabulatrices", explique Céline Piques.

"Les victimes sont face à quelqu'un de puissant qui peut construire le silence autour de lui"

Sur le mouvement Metoo, la porte-parole d’Osez le féminisme ressent d’ailleurs un sentiment de colère par ce que provoque le réalisateur : "On avait l’impression que le monde du cinéma avait avancé. Pourquoi les victimes se taisent ou ne parlent pas ? Parce qu’elles sont face à quelqu’un de puissant qui peut construire le silence autour de lui."

La preuve justement avec le cas des accusations de Valentine Monnier. "Il y a eu une enquête circonstanciée, les nombreux témoignages montrent que c’est un courage très fort de parler maintenant, et Roman Polanski utilise son statut d’artiste pour l’accuser de menteuse. Il y a une impunité des violeurs et des agresseurs liée au pouvoir. Roman Polanski reste puissant dans le monde du cinéma, c’est pour ça qu’il peut sortir encore des films, avoir des prix et utiliser une dossier de presse pour accuser ses accusatrices de menteuses", détaille Céline Piques.

Jean Dujardin égratigné 

Elle parle même de spécificité française, où ce statut d’artiste le dédouanerait de tout ce qu’il a pu faire, prenant l’exemple d’Harvey Weinstein : « Il serait impensable qu’il continue à faire des films aux Etats-Unis. »

Céline Piques égratigne également Jean Dujardin, acteur principal de "J’accuse", face à son refus de parler de l'affaire pendant la promotion du film. "On ne peut pas en même temps soutenir Adèle Haenel et en même temps protéger Roman Polanski et dire que metoo c’est fatiguant, c’est une question de cohérence", affirme la porte-parole d’Osez le féminisme.

Roman Polanski continue cependant d'être soutenu, son film sera diffusé dans près d'un cinéma sur dix en France. L'ARP, la Société civile des auteurs, réalisateurs et producteurs, ne compte pas exclure ou suspendre le réalisateur car il n'est ni condamné, ni mis en examen.