extraction ADN INPS Jeff PACHOUD / AFP 1:26
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Guillaume Biet
Le fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) est entré en fonctionnement il y a vingt ans jour pour jour. Il regroupe les profils ADN de 3,3 millions de personnes, selon les derniers chiffres obtenus par Europe 1, et une centaine de traces ADN y sont identifiées chaque jour.
DÉCRYPTAGE

Il est devenu un outil incontournable dans la plupart des enquêtes judiciaires. Le fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) a 20 ans ce lundi : son décret de mise en service a été publié le 18 mai 2000, deux ans après sa création. L’électrochoc de l’affaire Guy Georges, le "tueur de l’Est parisien", a provoqué la mise en place d’un tel fichier afin de disposer d’une base commune de profils ADN. Initialement destiné à centraliser les profils génétiques des criminels sexuels déjà condamnés, son champ d’application a été progressivement élargi à de nombreux autres types de crimes et délits. Y figurent désormais les caractéristiques ADN de délinquants condamnés mais aussi de personnes simplement suspectées, ainsi que les traces jusqu’ici non identifiées relevées sur des scènes d’infraction.

3,3 millions de profils d’individus

Selon les derniers chiffres communiqués à Europe 1 par le pôle de l’identité judiciaire au sein du service central de la police technique et scientifique (SCPTS), le FNAEG compte aujourd’hui 3,3 millions de profils génétiques d’individus et plus de 660.000 traces ADN non identifiées. En 2019, il a permis d’effectuer plus de 36.000 rapprochements entre une trace génétique et le profil d’un individu, soit près d’une centaine d’identifications en moyenne par jour. "Il s’agit d’apporter une orientation d’enquête", souligne le service central de la police technique et scientifique, rappelant que c’est ensuite aux policiers et aux gendarmes d’exploiter les résultats des comparaisons effectuées par le FNAEG, "y compris pour disculper une personne jusque-là suspecte", précise le SCPTS.

"Une belle aventure"

Avant la création du FNAEG, l’exploitation de l’ADN dans les enquêtes judiciaires existait déjà ponctuellement dès la fin des années 90 mais les profils génétiques et les comparaisons n’étaient pas centralisés. "On le faisait au cas par cas dans les laboratoires, d’une façon manuelle, chaque laboratoire avait ses fiches… ", se souvient l’inspecteur général honoraire Jean-Paul Milland, sous-directeur de la police technique et scientifique à l’époque de la naissance du FNAEG. "Les attentes étaient très fortes parce que cela allait permettre de faire des comparaisons automatiques à partir d’un fichier, donc dans un laps de temps très réduit", explique-t-il au micro d'Europe 1. "C’était prenant, excitant, si je puis employer ce terme. Pour moi, c’est une belle aventure", se remémore Jean-Paul Milland.

En Europe, l’ADN n’a pas de frontière

Installé à l’Institut national de police scientifique (INPS) d’Ecully, près de Lyon, le FNAEG fonctionne 24h/24 toute l’année, comparant automatiquement en permanence les nouveaux profils insérés (ADN d’une personne ou trace génétique isolée par un laboratoire dans une enquête) avec les millions de profils déjà contenus dans le fichier. Lorsqu’une correspondance apparaît entre une trace inconnue et une personne déjà fichée, les policiers ou gendarmes en charge du dossier en sont avisés. Ainsi en 20 ans, le FNAEG a permis de faire considérablement avancer des affaires non-résolues, telle que l’enquête sur la petite martyre de l’A10. Dans ce dossier, un suspect a été identifié et mis en examen 31 ans après le crime, grâce à une comparaison positive effectuée par le fichier national automatisé des empreintes génétiques, comme l’avait révélé Europe 1 en 2018.
Le FNAEG peut aussi être consulté pour effectuer une comparaison génétique à la demande d’un pays étranger, tout comme la France peut demander à 23 de ses partenaires européens de faire une recherche dans leur propre fichier de profils ADN, au cas où des enquêteurs français soupçonneraient une personne de telle ou telle nationalité. "Dans ces cas, aucune information nominative n’est transmise pour la comparaison, seules les données des profils génétiques sont échangées entre les pays", précise à Europe 1 le service central de la police technique et scientifique (SCPTS). En Europe, l’ADN n’a donc pas de frontière.