Hommage au maréchal Pétain : "Ce début de polémique n'a strictement aucun sens", juge Pierre Servent

Emmanuel Macron lors du Conseil des ministres délocalisé mercredi dans les Ardennes, département symbole de la Grande Guerre, mais aussi de la désindustrialisation.
Emmanuel Macron lors du Conseil des ministres délocalisé mercredi dans les Ardennes, département symbole de la Grande Guerre, mais aussi de la désindustrialisation.
  • Copié
Grégoire Duhourcau , modifié à
Emmanuel Macron a justifié l'hommage qui sera rendu au maréchal Pétain, "grand soldat" pendant la guerre de 14-18. L'expert militaire Pierre Servent estime, sur Europe 1, que ne pas le faire "serait faire preuve d'anachronisme".

Un hommage sera rendu aux maréchaux de la Première Guerre mondiale, samedi aux Invalides. Parmi eux, le nom de Philippe Pétain, chef du gouvernement collaborationniste de Vichy entre 1940 et 1944, engendre un début de polémique. Emmanuel Macron se défend en expliquant que le maréchal Pétain a été "un grand soldat" pendant la Première Guerre mondiale.

Emmanuel Macron justifie un hommage au "grand soldat" Pétain :

Ne pas rendre hommage à Pétain "serait faire preuve d'anachronisme". Sur Europe 1, l'expert militaire et auteur de Le mythe Pétain : Verdun ou les tranchées de la mémoire (CNRS) Pierre Servent, estime que le chef de l'Etat "a parfaitement raison de rejeter ce début de polémique qui n’a strictement aucun sens". Ne pas rendre hommage à Pétain pour son rôle en 14-18 "serait faire preuve d'anachronisme".

Il rappelle par ailleurs que ce sont "tous les maréchaux et l'ensemble" des poilus qui seront honorés lors de cette célébration : "C'est une cérémonie globale. En aucune façon ça n’occulte le fait que ce personnage qui a vraiment été lumineux à une époque, a été totalement noir à une autre."

Pétain a joué un "rôle essentiel à Verdun". Lors de la Première Guerre mondiale, le maréchal Pétain "est non seulement incontestable", mais il fait partie "de ceux qui ont fait preuve de plus de lucidité et de souci de protéger le sang des soldats et des poilus", décrypte Pierre Servent. Il souligne son "rôle essentiel à Verdun", mais surtout "lors des mutineries de 17". Si, à l'époque, il s'est illustré "avec des mesures de répression", Philippe Pétain a mis en place "ce que l’on pourrait appeler aujourd’hui, une politique de ressources humaines pour préserver le poilu durement éprouvé par la guerre".

C'est cela que "les poilus vont retenir" et qui va contribuer à l'"image de marque extrêmement forte" du maréchal Pétain "en 17, 18 et pendant toute l’entre-deux guerres". Pierre Servent juge par ailleurs que "la meilleure réponse" à cette polémique "vient du général de Gaulle", qui avait "fait poser une gerbe de fleurs sur la tombe du maréchal Pétain". A l'époque, "lui-même s’était exprimé pour éviter les confusions".