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Wilfried Devillers / Crédits photo : Eric Broncard / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
La moitié des TGV est annulée en ce premier week-end de chassé-croisé des vacances, en raison d'une grève des contrôleurs SNCF. Alors que le climat social semble explosif dans la société ferroviaire, faut-il s'inquiéter à l'approche des Jeux olympiques de Paris ? Car les syndicats pourraient bien faire durer le bras de fer.

Le calvaire ce samedi matin en gare pour des milliers de voyageurs. Pour ce premier week-end de chassé-croisé des vacances d'hiver entre la zone C et la zone A, la moitié des TGV est annulée. 150.000 voyageurs sont privés de trains car les trois quarts des contrôleurs de la SNCF sont en grève. Ils réclament une revalorisation salariale. Une grève qui présage d'un climat social explosif, à seulement cinq mois des Jeux olympiques de Paris. En témoigne cette grève des chefs de bord et celle à venir des aiguilleurs le week-end prochain.

Si aucune organisation ne l’affirme directement, l’échéance des Jeux olympiques est dans tous les esprits à l’aune des batailles sociales à venir. Julien Troccaz, secrétaire fédéral SUD-Rail, l'admet à demi-mots : bloquer les JO, ce n'est pas un objectif direct, mais un rouage essentiel du rapport de force. "Les JO ce n’est pas notre priorité. Notre priorité, c'est maintenant. Le sujet des salaires, le sujet de la reconnaissance, c’est maintenant", insiste le syndicaliste.

"On a demandé une nouvelle négociation, une revoyure salariale dès le mois de janvier. On souhaite par exemple que cette revoyure se passe au premier semestre. S’ils décident de la faire au second semestre, il ne faudra pas venir se plaindre que ça puisse être chaotique pendant les vacances", avertit Julien Troccaz, faisant référence aux grandes vacances d'été.

"Rapport de force"

Un avertissement qui trouve d’autant plus d’écho que des négociations houleuses sont en cours, notamment sur la prime qui sera accordée pendant les JO. Un bras de fer qui ne fait que commencer. "Cette agitation autour de cette conjoncture, elle est faite comme une sorte d’avertissement. On prévient pour ne pas avoir à s’en servir et pour quand même essayer de faire fructifier un contexte, un rapport de force plus favorable que d’habitude", analyse l’historien des mouvements sociaux Stéphane Sirot.

Le chercheur ne croit pas à un véritable blocage pendant les Jeux. Tout est dans la façon de manier le rapport de force en amont, mais le jeu peut être risqué. "Tout le monde doit manier cela de façon délicate parce que si les entreprises cèdent beaucoup pour éviter un conflit, il peut y avoir un retour de bâton. C'est-à-dire qu’après avoir cédé beaucoup, une fois l’évènement passé, elles ne céderont plus rien pendant un certain temps", prévient Stéphane Sirot.

Pour que ses revendications pèsent dans la balance, la CGT RATP, elle, a d’ores et déjà déposé un préavis de grève qui court jusqu’en septembre prochain.